Jeune retraité du peloton, Boris Vallée se confie à #Liégeois. Un entretien qui se savoure plus lentement que les sprints de l’ancien coureur de chez Lotto.
La saison des classiques « belges » vient de s’achever et de démontrer – si besoin était – à nouveau la passion que vouent la Belgique et les Belges à la Petite Reine. « La Belgique est une terre de cyclisme, surtout en Flandre où les infrastructures – un excellent réseau de pistes cyclables – favorisent la pratique du deux roues », observe Boris Vallée. « C’est dans la mentalité de chez nous de sortir rouler en famille le samedi. Et puis, nous possédons de bonnes écoles de jeunes, du bon matériel, de nombreuses courses organisées partout sur le territoire. Sans oublier que c’est un sport gratuit et facile d’accès. »
Pour la première fois depuis bien des années, ce natif de Verviers n’a pas passé cette période faste des passionnés de cyclisme à pousser les pédales et avaler le bitume. Non, depuis quelques mois, Boris a mis pied à terre et pendu son vélo au clou. « Depuis l’âge de huit ans, j’étais à fond pour ce sport. J’ai connu de grosses blessures et j’ai chaque fois travaillé dur et mordu sur ma chique pour tenter de revenir à mon meilleur niveau mais, à un moment, il faut savoir dire stop. Le cyclisme ne m’apportait plus autant que par le passé », me confie avec une touchante sincérité ce forçat de la route.
Très jeune, Boris enfourcha une bicyclette. « Ma famille est dans le vélo depuis quatre générations, je me suis logiquement dirigé vers ce sport », sourit-il. Chez les jeunes, il tisse des liens forts et peut compter sur le soutien et les encouragements de ses proches, notamment de son papa qui, chaque jour, prenait son scooter pour que Boris travaille son endurance et sa résistance dans son sillage. Rapidement, ce passionné se fit un nom et un prénom et attira l’intérêt des grosses formations au point de devenir le plus jeune coureur World Tour en passant pro très tôt alors que cette coutume n’était guère répandue dans le peloton. Chez Lotto-Soudal, Boris apprit le métier aux côtés de pointures comme Greipel ou Gallopin. « En tant que jeune, je devais faire mes preuves comme coéquipier et pour lancer les sprints », me précise-t-il. « La vie de coureur nécessite de nombreux sacrifices. Aucun écart ne peut être toléré si on veut être au top. Il faut vivre ce sport comme une religion. Je n’ai pas vécu une jeunesse classique mais je ne le regrette pas, j’ai pu accomplir mes rêves. »
« Franchir la ligne est une délivrance »
Le Verviétois est de la race des sprinters, une caste à part au sein du peloton où leurs montures sont poussées à l’extrême, flirtant avec les quatre-vingt kilomètres à l’heure. « C’est comme être pilote de chasse, il faut pouvoir réagir en une fraction de seconde », m’explique-t-il. « Cela nécessite une bonne pointe de vitesse mais aussi de l’équilibre, de l’agilité, de l’audace, un certain perfectionnisme mais aussi la capacité à passer les cols et bien connaître ses adversaires. » Et d’ajouter : « Il faut pouvoir bien se placer à l’approche du dernier kilomètre, être dans la position idéale pour débloquer son sprint et fournir un effort aussi court qu’intense. Quand on franchit l’arrivée en tête, c’est un soulagement et une délivrance. La pression retombe instantanément. »
Plus jeune, Boris a remporté pas mal de jolies courses devenant notamment champion olympique sur route en 2010 à Singapour aux Jeux Olympiques de la jeunesse. Chez les professionnels, cet athlète d’exception dut davantage œuvrer pour le collectif, aider ses coéquipiers à décrocher de beaux bouquets. « Quand un copain gagne, la joie est aussi bien présente même si cela dépend aussi de la structure dans laquelle on évolue », me souffle-t-il avant de jeter un œil dans le rétro. « Je suis satisfait de ma carrière et si je devais avoir un regret, ce serait celui d’avoir parfois repris trop vite, mettant ma santé en péril. »
Et si Boris ne parcourt plus le monde sur son deux-roues, il n’en reste pas moins attentif à la compétition. « J’ai encore beaucoup de contacts avec le peloton. Certains coureurs me demandent parfois des conseils ou avis concernant telle ou telle course », me dit celui qui reste dans le monde du vélo puisqu’il travaille désormais chez NRG Bike, un grand magasin de cycles à Chaudfontaine. « Nous y avons une équipe très solide », conclut Boris qui, j’en mets ma main au feu, sera rapidement de retour sur le circuit pour partager son inestimable expérience.
Thiebaut Colot
Crédit photo : Boris Vallée