La spectaculaire hausse des prix de certaines matières premières rend complexe le travail des petites entreprises comme Mimi Pâtisserie.
Vous êtes nombreux, à Liège, à apprécier les douceurs de Mimi Pâtisserie. Derrière ce nom adorable se cache Mélanie, qui, après une formation en pâtisserie à Londres à l’école internationale Le Cordon Bleu, multiplia les expériences professionnelles outre-Manche – boulangerie scandinave, boutique de pâtisserie, restaurant étoilé ou encore dans l’équipe dessert chez Yotam Ottolenghi – tout en lançant son blog. En 2019, elle installa son atelier à Liège avant de déménager à Ans en 2021, année où Céline, qui a suivi des cours en Boulangerie/Pâtisserie/Glacerie à Namur et notamment effectué un stage chez Patachou à Wavre, a rejoint l’aventure.
Depuis le début, les créations de Mimi Pâtisserie rencontrent un franc succès et ravissent les papilles gustatives des amateurs de délicieux gâteaux, melocakes, cheese cakes et autres plaisirs sucrés faits maison. Néanmoins, la croissance de cette jeune entreprise est malheureusement freinée par la hausse considérable du prix des matières premières.
Ainsi, le 13 juin dernier, Mélanie partageait sur la page Facebook de Mimi Pâtisserie – suivie par plus de 7500 personnes – un constat alarmant. « Cela fait des semaines que j’hésite à écrire ce post. Je n’ai pas pour habitude de partager nos galères à l’atelier ni la difficulté d’être une petite entreprise en 2022. Je préfère vous montrer nos jolis gâteaux et le plaisir que l’on a à préparer vos commandes et à animer les ateliers de pâtisserie ! Mais chaque semaine, au moment de payer les factures, le même stress m’envahit », commençait-elle. « Depuis notre retour de congé maternité Céline et moi, en février, nous avons dû faire face à une hausse de prix sans précédent de nos matières premières. Je vous montre un exemple en photo : en février 2022, un bloc de 5 kilos de beurre de bonne qualité coûtait 27,50€. Vendredi dernier, le même beurre, dans le même magasin, coûtait 48,75€, soit plus de 75% d’augmentation. On en consomme entre 10 et 25 kilos par semaine, le calcul est vite fait. C’est la même chose pour la crème, le lait, la farine, le sucre (quand il n’est pas en rupture de stock), etc. Tous les emballages ont eux aussi augmenté (merci le covid et la flambée du take away) et sont fréquemment en rupture. Ajoutez à cela la hausse du prix de l’énergie (quand on sait qu’une fournée de cannelés = 60 minutes de cuisson à 230°C/180°C, ça fait beaucoup d’électricité) et celle du carburant. » Et d’ajouter : « Malgré cela, vous êtes chaque semaine plus nombreux à nous faire confiance pour la réalisation de vos desserts, vous répondez présents à nos ateliers de pâtisserie. C’est ça qui me donne la motivation de continuer et de trouver coûte que coûte des solutions pour continuer à vous proposer des pâtisseries de qualité tout en maintenant mon entreprise à flots. Tout n’est pas négatif, cela nous pousse à trouver de nouveaux fournisseurs, à chercher des alternatives parfois plus locales (et découvrir les merveilleuses Les fraises d’Othée – Drisket Albert et Guillaume par exemple, ou à planter des fleurs comestibles devant l’atelier !). C’est juste beaucoup, beaucoup plus de boulot. »
De quoi obliger ces artistes du glaçage et de la meringue à opérer des changements stratégiques. « C’est pourquoi, dans les prochaines semaines, il va y avoir quelques changements à l’atelier. Nos biscuits et desserts vont disparaître des étalages de plusieurs épiceries avec qui nous avons adoré collaborer. Il ne nous est simplement plus possible de leur proposer des prix attractifs, avec un peu de marge pour nous, un peu de marge pour eux et un prix raisonnable pour vous. On espère revenir bientôt, mais pour l’instant je n’ai pas d’autre choix. Nous resterons néanmoins toujours présent Au Comptoir Local et au Kiosq_ (merci à eux pour leur confiance depuis tout ce temps !). Nos prix de vente vont augmenter à partir du mois de juillet. Le moins possible, promis. On a résisté jusqu’ici, en grignotant sur notre marge, mais cette fois ce n’est plus tenable », détaillait cette talentueuse pâtissière avant d’annoncer une news plus réjouissante. « La bonne nouvelle (parce qu’il en faut bien une) c’est que nous allons vous proposer plus de cours de pâtisserie, les mercredis après-midi en plus des mardis soirs. J’ai hâte de vous dévoiler le programme dans les prochains jours. Le prix des ateliers, lui, ne change pas. » Et de conclure : « Voilà, l’idée de ce post n’est vraiment pas de me plaindre ou de lancer le moindre débat (non, on ne laissera pas tomber le beurre & la crème pour des alternatives), je veux simplement partager cela avec vous car cela me semble important d’être la plus transparente possible. Merci d’être à nos côtés depuis 2018, c’est grâce à vous que Mimi Pâtisserie survit, vit et fleurit ! »
Un constat que Mimi Pâtisserie n’est pas la seule à faire. « Maintenir sa petite entreprise à flots dans une ère où la hausse des prix sur les matières premières ou encore les charges (gaz et électricité) ne cesse d’accroître, n’est vraiment pas chose simple… » publie sur les réseaux la fondatrice de Le Voyage de Papa qui prépare des brunchs à emporter et comptent plus de 10 000 abonnés sur Facebook. « Mélanie, tout comme moi, cherchons à vous proposer des produits de qualité, créatifs et généreux. Il est dommage que le contexte actuel nous pousse à réfléchir 10x plus qu’il y a deux ans à la rentabilité et la viabilité de notre entreprise, et ce, quotidiennement. »
Une situation loin d’être anodine et qui risque de faire de sérieux dégâts chez plusieurs petites entreprises ou jeunes entrepreneurs si des solutions ne parviennent pas à être dégagées en haut lieu.
Thiebaut Colot
Pour soutenir Mimi Pâtisserie, rendez-vous sur Accueil – Mimi Pâtisserie (mimipatisserie.com)
Crédit photo : Mimi Pâtisserie