Sur une dernière victoire au sommet de « son » Cauberg et devant ses très nombreux fans, Philippe Gilbert a pendu son vélo au clou, définitivement. Le Remoucastrien laisse une trace indélébile dans l’histoire du cyclisme et le coeur de ses supporters.
« Voilà, c’est fini
Aujourd’hui ou demain c’est l’moment ou jamais
Peut être après demain je te retrouverai
Mais c’est fini, hum, c’est fini. » (Jean-Louis Aubert)
Voilà, c’est fini. Sur une dernière ascension victorieuse du Cauberg et devant une foule énorme, Philippe Gilbert a pendu son vélo au clou. Ces derniers jours, le Remoucastrien a vécu un véritable tsunami médiatique fort compréhensible tant il a marqué durablement le cyclisme moderne de son empreinte. Arnaud De Lie le qualifie, à juste titre, de légende. « C’est une légende. Tout simplement. Il a un palmarès que peu de personnes ont… », affirme la nouvelle coqueluche belge au micro de la RTBF.
Difficile de lui donner tort tant les chiffres du nouveau retraité donnent le tournis. Vingt saisons dans le peloton professionnel, numéro un mondial en 2011, champion de Belgique sur route la même année – ainsi qu’en contre-la-montre – et en 2016, champion du monde en 2012, deux Tour de Lombardie, un Liège-Bastogne-Liège, une Flèche Wallonne, un Tour des Flandres, un Paris-Roubaix, un Tour de Belgique, onze étapes sur le Giro, la Vuelta et le Tour de France, des victoires en pagaille et quatre (!) Amstel Gold Race.
Dans le Limbourg, Gilbert a toujours répondu aux attentes. L’Amstel était sa chasse gardée avec une dernière côte qui semblait taillée pour son explosivité. C’est là que le fier Ardennais a sans doute conquis son plus beau trophée, celui de champion du monde. C’était en 2012, Valkenburg était noire de monde et les supporters belges, sentant le sacre possible, étaient nombreux à avoir fait le déplacement. J’étais de ceux-là. Sous un grand soleil, au terme d’une course parfaitement menée, « Philippe » – tellement de ses fans l’appellent simplement ainsi, preuve s’il en est que cet immense champion a toujours su rester les pieds sur terre -, dans « son » Cauberg, s’était dressé sur les pédales pour s’envoler vers la victoire et inscrire en lettres d’or son patronyme dans le grand livre du cyclisme.
La foule était en liesse, les Belges ivres de joie et de bonheur. La fête fut totale au sommet du Cauberg, les chants retentissant à tue-tête, et les rues de la bourgade limbourgeoise animées jusque tard dans la nuit. Ce jour-là, Philippe avait confirmé son statut : celui de meilleur coureur du monde ! Rien que d’y repenser, j’en ai encore des frissons.
Des frissons, ce champion d’exception nous en a donnés tout au long ce ces deux décennies. Car si les chiffres et le palmarès de Philippe Gilbert impressionnent, ils ne traduisent pas totalement l’impact que ce coureur a eu sur plusieurs générations. Le Remoucastrien alliait un sens inné de la course avec un panache ostensible. Attaquant formidable et opiniâtre, athlète qui se sublimait lors des grands rendez-vous et par des attaques demeurées légendaires, Gilbert était le coureur ultime. Des frissons, Philippe nous en a aussi donnés lors de certaines chutes malheureusement mémorables dont il s’est toujours relevé, fier et prêt à remettre l’ouvrage sur le métier pour redonner de la joie à ses milliers de supporters.
Combien de fois n’avons-nous pas vibré au rythme de ses exploits, souffert avec lui lors d’efforts dantesques, hurlé de plaisir lorsqu’il franchissait en premier la ligne d’arrivée. Une foultitude d’instants de grâce enregistrés pour toujours dans nos mémoires et dans nos cœurs. Pour tout ça, simplement merci, Philippe. Et bon vent !
Thiebaut Colot
Crédit photo : Philippe Gilbert Facebook Officiel