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« C’était comme un rêve, comme l’opéra »

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La Vie parisienne, de Jacques Offenbach, satire d’une société du paraître et éloge d’un gai Paris frénétique, pétillant, tourbillonnant, mise en scène par le célèbre couturier Christian Lacroix, revient à l’Opéra Royal de Wallonie après quinze ans.

« Je n’étais qu’un petit garçon,
J’étais tout seul à la maison.
Mes parents, pour un soir,
Étaient allés voir un opéra.
J’en avais pour un bon moment :
Ça n’arrivait pas si souvent.
C’était comme une trêve,
C’était comme un rêve, comme l’opéra. »

Ces quelques lignes sont le début de la superbe chanson L’opéra d’Yves Duteil. Voilà bien des années, je n’étais aussi alors qu’un petit garçon – même pas dix ans – mais je n’avais pas été laissé tout seul à la maison. Pour un soir, ma maman m’avait emmené à l’opéra pour que j’y découvre La Vie parisienne de Jacques Offenbach. Je me souviens encore parfaitement de cette soirée : il faisait froid au dehors en ce mois de décembre 2007 mais bien chaud dans le splendide bâtiment liégeois. Au premier balcon – je n’avais pas encore le vertige à l’époque -, je ne ratai rien de ce qui se déroulait sous mes yeux. La musique, les voix, les décors, les costumes… Tout cela, immédiatement, m’emporta et c’est ainsi que naquit ma passion pour l’opéra.

Depuis ce véritable coup de foudre, j’ai eu la chance d’assister à une bonne centaine d’opéras. A l’Opéra Royal de Wallonie mais aussi à La Monnaie à Bruxelles ainsi qu’à l’Opéra Garnier et à l’Opéra Bastille à Paris, j’ai eu le bonheur de découvrir tous les classiques de cette forme d’art aussi complète que féérique, mais aussi certaines œuvres plus confidentielles et moins renommées, renforçant chaque fois davantage ma passion pour l’opéra.

C’est donc avec une certaine impatience et une joie non dissimulée que j’attends le retour de La Vie parisienne – ma madeleine de Proust en quelque sorte – à l’ORW. Créée le 18 octobre 1866, cette opérette est l’une des plus fameuses du répertoire. Plusieurs versions existent, en fonction des théâtres où elle fut jouée mais aussi pour éviter la Censure et ménager certaines susceptibilités de l’époque.

Pour la version qui nous occupe et qui sera jouée du 22 au 31 décembre à Liège, les équipes du Palazzetto Bru Zane ont effectué un considérable travail de recherches, notamment au moyen des partitions manuscrites de l’orchestre du Palais-Royal récemment remises au jour, pour pouvoir présenter la version originelle de l’œuvre, telle qu’imaginée par son auteur avant sa création. Les pages inédites ainsi restaurées apportent un éclairage nouveau à cette irrésistible peinture de la bonne société parisienne du Second Empire. De quoi (re)découvrir avec appétit cette « satire d’une société du paraître et cet éloge d’un gai Paris frénétique, pétillant, tourbillonnant ».

Et pour cette co-production de grande envergure, ce n’est rien de moins que Christian Lacroix qui fut choisi pour la mise en scène ! Le spectacle, théâtre, opéra ou cirque, et l’iconographie du XIXe siècle ont toujours constitué des inspirations majeures pour Christian Lacroix. Après avoir signé les costumes de nombreuses productions, notamment à l’Opéra Royal de Wallonie, le couturier concrétise avec La Vie parisienne le rêve de passer à la mise en scène, en plus des décors et costumes entièrement fabriqués dans les Ateliers liégeois. « Lorsqu’on est invité à côtoyer Offenbach, à lui rendre visite et à l’accompagner, le mettre en scène, on ne peut que le suivre, l’écouter, c’est lui qui reçoit et mène le jeu, sans demander hommage, ni révérence pompeuse, souliers cirés, mais sa propre liberté de composition et de propos, en roue libre en apparence et en apparence seulement, ne demande pas non plus qu’on ouvre les vannes du n’importe quoi, même si l’univers de cet opéra est purement « Bouffon », « Buffa », comme il a lui-même qualifié la plupart de ses œuvres. Une juste dose de respect s’impose » confie le célèbre couturier français dans le communiqué de presse de l’ORW. Christian Lacroix a ancré cette Vie parisienne dans la période de création de l’œuvre et sa mise en scène dialogue avec notre époque au travers d’un jeu de va-et-vient entre le passé et notre XXIe siècle. Avec quelques accents de cirque, la fantaisie et l’excentricité de l’œuvre d’Offenbach sans trouvent rehaussées sans toutefois oublier le mordant et la sourde mélancolie qui l’imprègne parfois.

Après le formidable succès des représentations à Rouen, Tours et Paris, nul doute que cette Vie parisienne rencontrera le même accueil dans notre Cité ardente. Il va sans dire que j’y serai, fin décembre. Et ce soir-là, j’aurai à nouveau neuf ans.

Infos et réservations : Focus spectacle : “La Vie parisienne” de Jacques Offenbach | Opéra Royal de Wallonie (operaliege.be)

Thiebaut Colot

Crédit photo : visitezliege.be

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