Les créations originales et riches en détails de Ptit Marc ornent désormais les vitrines du salon Blue Room à Liège.
Ptit Marc – « on m’a surnommé ainsi car, à l’époque, j’étais le plus jeune de mon groupe d’amis » – n’est pas entré dans le monde artistique comme on entre en religion mais presque. Depuis tout petit, il a toujours eu des crayons et des pinceaux entre les doigts. « Mes parents étaient artistes et avaient leur atelier dans le jardin », se justifie-t-il. « J’observais leur travail, je les accompagnais à des expos. » Son papa est ensuite passé de la sculpture à la peinture. « Il est content que je poursuive dans cette voie tout comme ma maman qui continue à peindre de son côté. »
Après une formation classique à l’Académie des Beaux-Arts, Ptit Marc suivit un chemin de traverse en tâtant d’abord de la culture underground lors de la grande aventure des fanzines, ces petites bandes dessinées qui firent fureur. « Je lisais beaucoup de BD lorsque j’étais enfant et ado, moins maintenant », me révèle celui qui commença ainsi à développer multitudes de petites situations et un sens certain de la narration. Malgré un joli succès dont le prix alternatif au Festival d’Angoulême en 2006, les fanzines autoproduits et distribués par Ptit Marc et ses acolytes finirent par être abandonnés, le phénomène s’essoufflant dans un monde en perpétuelle mutation. Une belle période, toutefois, pour mon sympathique interlocuteur qui bénéficiait d’une véritable liberté de création à peine encadrée par une éthique graphique claire.
Au fil des années, cet artiste profondément humble – « cela a parfois été un problème car dans le milieu, il faut savoir se vendre », reconnait-il – s’est forgé un univers singulier qui saute aux yeux sur chacune de ses toiles. « Mon inspiration vient du quotidien, de mes souvenirs, de la culture populaire. Je note dans un petit carnet mes idées et je les laisse germer à mon rythme », partage-t-il avec moi. « Lorsque je peins, je m’évade, je rejoins mon monde pour y jouer avec mes personnages, y raconter mes histoires et parfois faire passer un message. »
Alternant les formats, Ptit Marc propose une sorte de figuration libre avec une esthétique léchée. Légèrement daltonien, cet artiste atypique commence par appliquer plusieurs couleurs de fond sur sa toile avant d’attaquer, plic-ploc, les différentes scènes qui ornent ses productions. « Parfois des éléments se rajoutent d’eux-mêmes – ou presque – au fil des jours, parfois j’efface », me dit-il. « J’ai toujours une vague idée de vers où je vais et cela se précise au fur et à mesure. »
Après avoir exposé ses toiles dans les vitrines de Lafont Optique, Ptit Marc renouvelle le concept, ses oeuvres ornant désormais les vitrines du salon de coiffure Blue Room, rue de la sirène à Liège. L’occasion de découvrir, jusque fin mars, les créations inspirées de cet artiste minutieux et de mettre l’art en plein centre-ville.
Thiebaut Colot
Crédits photos : Ptit Marc