Il y a un an, Fabienne Zutterman sortait son premier roman, L’Afrique pour se perdre. Rencontre avec une écrivaine épanouie qui savoure le chemin parcouru.
Depuis la sortie il y a un an de son premier roman L’Afrique pour se perdre, le quotidien de Fabienne Zutterman a bien changé. « C’est un véritable trésor dans ma vie, cela change du tout au tout dans mes relations », me confie-t-elle, heureuse, sur la terrasse de sa maison sise à Saint-Léonard. « C’est une expérience de vie extraordinaire. »
Succès critique et littéraire, L’Afrique pour se perdre – dont une suite est actuellement en comité de lecture – a conféré à Fabienne une certaine légitimité. « Je ne doute plus de mes capacités, j’ai davantage confiance en moi lorsque j’écris et je me lâche plus facilement », sourit-elle en cette agréable fin de journée estivale. « C’est un épanouissement incroyable. J’étais timide et renfermée avant. Je me rappelle encore comme mon cœur battait à tout rompre avant ma première interview, déjà avec vous. »
Tout au long de cette année, cette écrivaine sensible et érudite a multiplié les rencontres, les signatures, les participations à des salons et répondu favorablement aux nombreuses sollicitations de la communauté congolaise. « Je suis heureuse de voir que mon histoire suscite toujours de l’intérêt et que je ne ressens pas encore cette sensation d’essoufflement », avance Fabienne. « Je me sens pleinement à ma place, totalement heureuse lorsque je peux échanger avec mes lecteurs ou d’autres auteurs. »
Désormais, la littérature occupe une place centrale dans l’existence de cette Liégeoise qui a rejoint le club de lecture de Marie-Bernadette Mars – « une activité très stimulante et c’est très agréable de faire partie de ce milieu » -, le comité de lecture du Prix Emilie-Flore Faignond tout en devenant bénévole à La Lumière où elle lit pour les personnes aveugles et malvoyantes. « Ma manière de lire a changé. Je suis plus critique, je ressens plus rapidement si c’est bon ou pas. Mais je parviens tout de même à me divertir », précise Fabienne qui n’hésite pas à répondre favorablement lorsqu’un jeune auteur lui demande de se pencher sur son texte. « J’ai ainsi l’impression de prolonger le parcours de vie de ma maman. »
« J’habite au coeur du monde entier »
Si une partie des racines de Fabienne sont africaines, c’est à Liège qu’elle a vécu la majeure partie de sa vie. « J’aime énormément Liège qui concentre des personnes venues de tous les horizons. J’ai coutume de dire que j’habite au cœur du monde entier, j’ai des voisins de plein d’origines différentes. Je me considère avant tout comme citoyenne du monde », souffle-t-elle. « Le Liégeois – en cela j’entends chaque personne qui vit dans cette région – est très chaleureux dans son accueil, il a un soleil dans ses yeux. Cela m’arrive souvent d’avoir des discussions chaleureuses avec de parfaits inconnus en me baladant ou dans les transports en commun. Cette ville, ce sont 36 petits villages rassemblés et c’est justement cet esprit de village qui fait qu’on s’y sent bien. »
Pour un auteur, Liège est aussi une ville captivante. « Les bibliothécaires sont très passionnés, nous nous y sentons soutenus et il règne une vraie effervescence culturelle », remercie Fabienne. « J’ai aussi beaucoup de chance de pouvoir compter sur une éditrice (ndlr : Emilie Kasongo d’Empaj Editions) formidable. Elle a une telle confiance en moi et, finalement, on finit par devenir le reflet de ce que l’autre pense de vous. »
Très récemment, Fabienne a publié, aux Editions Lamiroy, une nouvelle : Le portrait. « C’est Marie-Bernadette Mars qui m’a convaincue de l’envoyer. Cela faisait un an que ce texte traînait dans mes tiroirs, j’ai travaillé à le rendre plus compact», m’explique-t-elle. « C’est fascinant d’aller à l’essentiel et l’exercice de la nouvelle me plaît beaucoup. »
Pour ce texte réellement passionnant, mon interlocutrice a, une nouvelle fois, puisé en partie dans son expérience. « C’est vrai que je peux me nourrir du réel et du passé. Je n’ai pas eu une enfance ordinaire et j’ai vécu une vie tellement riche qu’il y a de quoi écrire 36 livres (rires). Mais j’ai aussi très envie d’explorer du pur imaginaire », nuance-t-elle. « Je travaille d’ailleurs actuellement à un conte pour enfants et je fourmille de projets. » Au cœur de ceux-ci : les mots, les jolies histoires et les livres. Un univers où Fabienne s’épanouit, et ses lecteurs avec elle.
Pour commander le premier roman de Fabienne : Empaj Editions – L’Afrique pour se perdre par Fabienne Zutterman
Thiebaut Colot
Crédit photo : DR