Récit d’une seconde soirée aux Francofolies de Spa où Roméo Elvis a confirmé être une bête de scène et où Soprano a enflammé des milliers de festivaliers.
En ce jour de fête nationale, Spa et les Francos faisaient le plein. Une journée aux accents hip-hop et électro mais aussi empreinte d’une franche belgitude grâce à l’inénarrable Roméo Elvis et d’une vraie touche de « Lièche » avec Oli Soquette et sa guinguette. Mais c’était véritablement pour Soprano que la majorité du public avait fait le déplacement.
Après la pluie qui s’était invitée pour la prestation de Peet sur la main stage, la météo redevenait plus clémente. Sur la scène Spa Reine et sous le regard attentif de François de Brigode, les frères Yvan et Alban Murenzi étaient pour la première fois aux Francos avec leur duo Yellowstraps qui propose une néo-soul hybride validée par le milieu du rap belge. Une première expérience spadoise concluante bouclée de la meilleure des manières avec ce « maximum de love sur vous Spa » balancé par les frangins.
Si Soprano était bien la tête d’affiche de cette seconde journée des Francofolies de Spa, le public s’était toutefois massé pour assister au show de Roméo Elvis. Un concert foutraque, drôle par moments, tendres à d’autres, et finalement impossible à classer, à l’instar du frérot d’Angèle qui maîtrise tous les codes du rap pour mieux, parfois, s’en affranchir.
« 100% BX, 100% Belgique »
Training bleu ciel – il finira par enlever le haut comme tout bon rappeur qui se respecte – et casquette blanche, Roméo Elvis a livré une prestation déjantée et explosive. Débordant d’énergie et haranguant constamment son public, le Bruxellois a fait le… show. « J’ai la chance de faire ce métier… A Spa. Faisons la fête », commençait celui qui a déjà tout connu dans sa courte carrière. D’emblée, il prévenait la foule – et plus spécifiquement les enfants, les vieux et les familles – que cela allait « aller crescendo avant de partir en couilles » (sic). Il demandait au public de « chanter dégueulasse » (sic) sur la partie de sa frangine de « J’ai vu ». « Plus vous allez chanter et plus ce sera dégueulasse. C’est ça que je veux », balançait-il avant de demander « Francos, regardez-moi dans les yeux. »
Visiblement très heureux d’être là, ce fameux ket n’hésitait pas à interrompre un de ses morceaux pour rappeler à quel point les Francofolies comptent pour lui. « Spa, vous êtes un public aux petits oignons comme j’aime. Je venais déjà tout petit ici avec mon papa. Il joue ce soir dans le BW. Bisou papa », déclamait-il avec sincérité. Survolté, véritable bête de scène, parfois (in)volontairement comique, Roméo Elvis alternait ses chansons aux influences diverses, s’emparant même de sa guitare électrique, alors que le premier pogo eut lieu après trente minutes. En ce 21 juillet, sur cette scène spadoise, le Bruxellois – qui réclama à plusieurs reprises « un graaand trou » pour le pogo et de lever les bras « pour que ça pue des aisselles » – fit honneur au surréalisme belge. « Merci les Francos, vous êtes incroyaux », concluait-il après ce concert kaléidoscopique.
« Jeffrey, remets-nous des glaçons »
Alors que La Zarra, la dernière candidate française à l’Eurovision, se produisait sur la scène Spa Reine, Todiefor mettait le feu depuis la scène Proximus. Des personnes de tous les âges ne pouvaient s’empêcher de se déhancher sur les excellents remix de ce DJ et producteur bruxellois qui a notamment collaboré avec… Roméo Elvis – la boucle était bouclée. Mais c’est véritablement pour Soprano que le public était venu en nombre et plus de trente minutes avant le début de son concert, des milliers de personnes étaient déjà installées face à la scène Pierre Rapsat. Une foule qui finira par s’étirer jusqu’à la scène Proximus !
La big star de ce vendredi soir n’a pas déçu ses fans avec un show étincelant – danseurs, beatmakers, confettis, animations vidéos, costumes – et familial ! « Les Belges, vous êtes le public le plus chaud d’Europe », assurait celui qui dépasse le milliard de vues sur YouTube. « Ce qui me touche ce soir, c’est ce mélange de cultures et de générations. C’est la preuve que cela peut fonctionner », déclarait-il en faisant référence à la situation politique outre-Quiévrain et de rendre hommage à Lindsay, jeune fille de 13 ans qui s’est donnée la mort après avoir été harcelée à l’école. C’était ensuite les héros du quotidien qu’il célébrait avec sa chanson éponyme. Pendant une heure et demie, les milliers de spectateurs dansèrent et chantèrent – mention spéciale pour « Fresh Prince » – grâce la multitude de tubes que proposa l’artiste originaire des quartiers Nords de Marseille. Enfants et retraités, parents et jeunes couples, tous se sentirent « A la bien ». « Merci à tous ceux qui me soutiennent depuis vingt-cinq ans. Vous êtes magiques », terminait-il devant une foule conquise par un show qui avait tenu toutes ses promesses.
Pour découvrir le récit du jour 1 des Francos : « On a besoin de jolies histoires » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)
Le programme complet : Les Francofolies de Spa – Du 20 au 23 juillet 2023 – Bienvenue
Thiebaut Colot
Crédits photos : LM