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« J’aime raconter des histoires »

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#Liègeois vous dresse le portrait d’Hendrik Hunter, talentueux photographe à qui l’on doit le très beau livre Once Upon a Time.

Plus jeune, Hendrik Hunter, attiré par la littérature et la poésie, se rêvait écrivain. C’est finalement une carrière de journaliste en entreprise qu’il épousa. « Je n’avais jamais pensé être photographe », m’avoue-t-il. En 2010, après avoir traversé une crise existentielle, ce sympathique quadragénaire se pose les bonnes questions et décide de quitter son job et de s’investir davantage dans la passion qu’il a développée au fil des années : la photographie. « Je me suis dit que je devais suivre mon cœur et poursuivre mes rêves. »

Hendrik suit alors des cours de photo, peaufine sa technique, écoute les conseils, améliore ses connaissances et décroche assez vite une première publication suivie d’une exposition. « Cela m’a encouragé à persévérer dans cette voie », reconnait-il. Au fil de ses essais et expériences, il explore divers courants de la photo pour trouver son style, celui de la photographie documentaire tendance JRI (Journaliste Reporter d’Images).

« J’accorde de l’importance à l’esthétique d’une photo mais ce que je trouve le plus important et le plus intéressant, c’est de raconter une histoire », précise-t-il. Résidant à Maastricht, Hendrik prend plusieurs clichés de Seraing et des vestiges de l’époque industrieuse de la région. Des photos qui font mouche, son professeur d’alors l’encourageant à poursuivre dans cette direction. Hendrik entreprend alors des recherches sur la post-industrialisation du bassin sidérurgique liégeois et du Limbourg et multiplie les escapades, son appareil photo autour du cou. « C’était un plaisir. Je ne savais pas ce que j’allais y trouver mais j’étais ouvert aux rencontres. C’est une école de vie », sourit-il. « J’aime ce côté documentaliste et tenter d’obtenir un autre regard sur la société d’aujourd’hui pour mieux comprendre ce monde très complexe dans lequel nous vivons. »

Au fil de ses pérégrinations, le projet évolue tant la région à couvrir s’avère grande. En 2016, Hendrik rencontre un habitant de Bressoux et découvre son histoire. « Mon appareil photo est un bon moyen d’entrer en communication avec autrui », souligne-t-il. « Un projet dans le projet nait alors, dans une période marquée par les attaques extrémistes, celui de montrer comment on peut vivre ensemble dans une société multiculturelle. »

« Le monde dans un quartier »

À Bressoux, Hendrik trouve le terreau idéal pour son nouveau projet. « Plein de communautés étaient représentées dans ce quartier : il y avait des Kurdes, des Africains, des Hindous, des Marocains…C’était le monde dans un quartier ! Durant quatre années, j’y suis allé très régulièrement, peut-être 300 fois », continue-t-il. Hendrik mitraille allègrement les habitants de Bressoux et multiplie les clichés, parfois dans la plus absolue intimité de ses sujets. « C’est important de rencontrer la personne responsable de la communauté et c’est plus facile en étant clair dans la présentation : qui je suis, pourquoi je suis là et ce que je désire. Ainsi, une relation de confiance s’établit et cela offre beaucoup de libertés. Les gens pouvaient être eux-mêmes et oubliaient l’objectif de l’appareil photo. »

Le projet I Believe, le monde dans un quartier remporte un franc succès. Deux expositions – à Maastricht et à Liège – voient le jour ainsi qu’un formidable documentaire multimédia qui trouve un écho certain et confirme le talent et l’humanité de ce formidable photographe. Hendrik reprend ensuite son premier projet, Once Upon a Time« Je ne pensais pas mixer les deux projets, l’idée m’est venue suite à des discussions lors de cours que je suivais à Amsterdam », justifie-t-il.

Un second projet qui trouve son aboutissement dans un très beau livre éponyme publié très récemment« C’est évidemment cher de produire un ouvrage tel que celui-là mais j’avais ce désir au plus profond de moi. Je devais suivre mon cœur car j’aime raconter ces histoires », souligne Hendrik. Le résultat est bluffant et donne à voir, à travers des images percutantes ou d’une spectaculaire banalité, notre région sous un autre jour. « Grâce à ce livre, je suis davantage vu comme un photographe sérieux. Les gens en parlent, cela crée des contacts, me confirme que mon travail intéresse les autres et que mon propos peut être intéressant. Cela me donne de la confiance pour avancer. »

Le travail fourni par ce véritable passionné, sorte de sociologue de l’image, est encore à admirer à l’exposition qui lui est consacrée à la libraire Livre aux Trésors. Hendrik ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et, avec un collègue, a déjà amorcé un nouveau grand projet inspiré de ses voyages dans les pays baltes. « L’objectif est de mieux comprendre comment la guerre en Ukraine impacte ces populations, comment ceux qui vivent dans ces pays fonctionnent avec la dualité ethnique – un pied en Europe, un autre dans l’ex-URSS – qui est la leur et les différences constatées entre l’ancienne et la nouvelle génération », présente-t-il. Nul doute que là encore, l’œil d’Hendrik permettra de dégager de jolies et pertinentes histoires.

Plus d’infos : HJ Hunter photography

L’expo I Believe, le monde dans un quartier : I Believe | Le monde dans un quartier | ‘I Believe | Le monde dans un quartier’ est un documentaire multimédia interactif en anglais, français et néerlandais sur Bressoux, une banlieue de Liège en Belgique. (ibelieve-project.com)

Thiebaut Colot

Crédits photos : Nico Bastens / Hendrik Hunter

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