#Liégeois / Liégeois Magazine vous transporte sur les sentiers escarpés de l’île de La Réunion, théâtre du plus bel exploit d’Olivier Oost lors de la mythique Diagonale des Fous.
Depuis 2009, Olivier Oost s’adonne à la course à pied. Au fil des années, ses sorties se sont allongées, ses entraînements structurés, ses efforts intensifiés pour le guider vers le trail. « J’apprécie le côté nature du trail mais aussi tout ce qui a trait à la gestion de l’effort et à la technique », explique ce Liégeois de 38 ans qui a toujours aimé la randonnée. Armé de sa motivation et grâce à une solide préparation en amont, Olivier avale les kilomètres et les dénivelés avec une aisance assez spectaculaire.
En 2015, il boucle l’OCC, une épreuve de l’UTMB, le défi ultime pour les amateurs de moyenne distance avec un parcours escarpé de 55 kilomètres et 3,425 mètres de dénivelé positif dans le canton du Valais, en Suisse. La suite pourrait être résumée par la devise des Jeux Olympiques modernes : « Citius, Altius, Fortius – Communiter », soit « Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble ». « La communauté du trail est bienveillante. Avant même les places d’honneur, chacun court pour soi, pour se dépasser, se faire plaisir et remporter un défi personnel », souligne Olivier qui a quelques exploits à son actif dont une participation au Val d’Aran dans les Pyrénées, autre épreuve UTMB, annulée après 97 kilomètres de course, le marathon de Madrid bouclé en 2h53 – « j’étais très content » – ou cet exigeant Trail de Bourbon de 109 kilomètres et 6 260 mètres sur l’île de La Réunion en 2029. Une course rendue encore plus ardue par la végétation insulaire que cet infirmier avait bouclée en 26 heures sans avoir dormi.
C’est à nouveau sur cette île flottant sur l’Océan indien, à l’est de l’Afrique, que se rendait Olivier en octobre dernier pour une épreuve homérique : la Diagonale des fous. 165 kilomètres et plus de 10 000 mètres de souffrance pour mettre à rude épreuve les organismes les plus entraînés. Pendant un an, Olivier s’est préparé pour ce gigantesque défi, augmentant vitesse et distances lors de ses sorties, mettant en place des protocoles à respecter durant les deux jours que pouvaient durer cette course aussi réputée que prisée. « Connaître les spécificités du terrain grâce à ma participation antérieure au Trail du Bourbon m’a aidé mais je n’avais par contre jamais parcouru une telle distance. Avec deux nuits à passer et une gestion de mes efforts durant 36 ou 37 heures, je partais tout de même dans l’inconnu », confie celui qui a pu compter sur le soutien de sa compagne dans ce département d’outre-mer.
A l’inverse de nombreux participants, ce forçat des temps modernes prit le départ à une allure modérée pour ne pas se griller trop tôt et parvenir à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé : rallier l’arrivée. Mais le parcours fut semé d’embûches. « Ce n’est pas une course comme les autres. Les descentes sont très techniques, les escaliers difficiles et il faut arpenter les sentiers de La Réunion pour s’en rendre compte », analyse Olivier avant de rappeler la nécessité de « savoir apprécier la course et de trouver les ressources pour finir ». Le plaisir ne fut, évidemment, pas présent de façon permanente. « J’ai eu un coup de chaud au 80ème kilomètre et l’idée d’abandonner m’a même effleuré l’esprit quand j’ai calculé qu’à la vitesse que j’avais alors adoptée, il me faudrait longtemps avant d’arriver », confesse-t-il. « Mais je me suis accroché. Je me suis dit que je n’avais pas fait un an de préparation et dix mille kilomètres pour abandonner sous les yeux de ma famille. »
Reparti avec sa seule détermination en bandoulière et une condition physique optimale, ne s’autorisant que deux arrêts pour dormir un maigre total de 30 minutes, chassant les hallucinations sur le Chemin des Anglais, n’écoutant que son courage et sa motivation, ce papa comblé bouclait cette épreuve dantesque en 37 heures et 5 minutes. « J’ai compris à l’arrivée pourquoi je m’alignais sur une telle distance. C’est un accomplissement, une fierté d’avoir réalisé un tel défi. J’étais sur un petit nuage lorsque j’ai enfin retrouvé mes amis et ma famille », confie-t-il. « Le corps humain a cela de génial qu’il ne conserve en plus que le positif. »
Véritable stakhanoviste des efforts surhumains, Olivier a savouré pleinement cette Diagonale des Fous. « Je sais bien que je n’y participerai sans doute qu’une fois dans ma vie. J’ai adoré la nuit étoilée lors des 30 premiers kilomètres, l’arrivée à Cilaos dans les cirques, les différentes rencontres avec les autres trailers et les échanges avec eux », énumère-t-il avant d’évoquer ses envies futures. « Je choisis un peu mes courses en fonction des paysages. Je ne dirais pas non à un autre 100 miles mais c’est vers le marathon de New-York et le MIUT de Madère que se porte mon attention. » Toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort avec la passion chevillée au corps.
Plus d’infos : Grand Raid de la Réunion (grandraid-reunion.com)
Thiebaut Colot
Crédit photo : DR