Dans le cadre de la campagne « Lisez-vous le belge ? », #Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à Paris à la rencontre de l’écrivain liégeois Jean Claude Bologne.
Jean Claude Bologne a toujours écrit, ou presque. « Cela fait cinquante ans que j’écris et quarante ans que je publie », confie-t-il. Durant l’enfance, il imaginait de petits poèmes dans sa tête. À l’adolescence, il écrivit de façon moins ludique. « Pour dire autre chose et me comprendre par la littérature. » Après toutes ces années à noircir des feuilles de papier – « j’écris toujours sur un cahier avec un bic ou un stylo et j’ai beaucoup écrit dans les trains, certains de mes romans s’y passent d’ailleurs », précise-t-il – et à raconter des histoires, ce joyeux retraité demeure passionné. « L’écriture est une joie irremplaçable et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir vivre de ma plume. »
Pour cela, Jean Claude n’a pas hésité à – comme le veut l’expression consacrée – monter à la capitale, quittant Liège pour Paris. « À l’époque, c’était presque une quasi obligation de rejoindre Paris si l’on voulait écrire », justifie celui qui vit dans le onzième arrondissement. « Cela peut paraître paradoxal mais quand j’ai débarqué à Paris, j’ai respiré. Il y a cette merveilleuse réglementation Haussmann qui permet de ne pas se sentir écrasé par l’architecture et d’avoir une perception différente de l’espace. »
Néanmoins, ce Parisien d’adoption reste attaché à ses racines liégeoises. « Liège est une ville qui possède un passé extraordinaire et riche en anecdotes. C’est une terre de légendes et de mythe et une région cosmopolite, ce qui est important pour moi », rappelle Jean Claude. « Mon regard sur Liège a changé depuis mon enfance et vivre à Paris m’a permis de percevoir différemment cette ville et cette région et d’écrire dessus. »
Jean Claude est également fier de sa Belgique – « le seul pays où les poètes ont fait grève », mentionne-t-il – qu’il sert en sa qualité de membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. « Nous sommes peut-être l’Académie la moins académique », observe-t-il. « Et cette Académie, qui a vocation à surveiller la langue mais pas à imposer des règles, a toujours été progressiste comme en témoigne la féminisation des noms de métier qui existe depuis plus de 30 ans en Belgique. Là-bas se nouent des dialogues extrêmement féconds et intéressants entre des philologues et des écrivains qui partagent une certaine vision de la langue. »
Cultivé et enthousiaste, Jean Claude pose un regard très juste sur la littérature. « J’ai grandi dans les livres et par les livres. Ceux-ci, et plus spécifiquement ceux de fiction, nous offrent un petit décalage qui nous permet de mieux comprendre notre monde, notre univers », analyse-t-il. « Je fais partie de ces écrivains de la Nouvelle Fiction qui puisent leur inspiration dans l’imaginaire – ce qui est différent de l’imagination. Je m’inspire des mythes, des contes, des légendes qui ont structuré nos sociétés. »
Homme de lettres – il fut Président de la Société des Gens de Lettres de 2010 à 2014 – et homme de goût, auteur à succès depuis son premier livre, Histoire de la pudeur, sorti en 1986, Jean Claude est aussi un auteur prolifique à qui l’ont doit plus d’une quarantaine de bouquins, principalement des livres de fiction, des essais et des dictionnaires d’allusions. « Tout nourrit mon travail », assure celui qui remporta le prix Rossel en 1989 pour La faute des femmes et qui fut édité par les plus grandes maisons d’édition telles Albin Michel ou Seuil. « J’écris énormément au printemps. J’écris très vite mais je me relis beaucoup. Il faut donc parfois longtemps pour qu’un roman ‘parte’. »
Preuve d’une capacité exceptionnelle à produire des livres de qualité, ce philologue de formation publie pas moins de deux livres : Emprises : les contes du père Suzar, paru début octobre chez Maelstrom, et Légendaire, publié début septembre par Le Taillis Pré. « Comme le titre l’indique, dans Emprises, je parle d’un phénomène vieux comme le monde : celui de l’emprise. Celle-ci peut prendre différentes formes : conjugale, sociale, économique », précise Jean Claude. « En analysant ce phénomène par le prisme du roman et avec le regard de l’époque, cela nous en apprend beaucoup sur la période actuelle. » Quant à Légendaire, il s’agit d’une série de trois apologues regroupés autour de trois thèmes et qui se situe entre la poésie et le petit conte fantastique. « Ces thématiques sont des impressions qui viennent à moi et je cherche, dans Légendaire, à suggérer le plus de choses possible dans un texte le plus court possible », contextualise mon interlocuteur.
Deux autres livres qui viennent s’ajouter à l’œuvre déjà conséquente de cet écrivain talentueux, épanoui à Paris depuis des décennies. « Ici, il y a plusieurs milieux littéraires, on s’y sent moins seul », conclut-il déjà tourné vers ses nouveaux projets d’écriture.
Thiebaut Colot
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Plus d’infos sur l’auteur : site officiel de Jean Claude Bologne (jean-claude-bologne.com)
Crédits photos : J. C. Bologne, photo Y.M