La saison des Bulldogs s’est achevée sur un nouveau titre en BeNe League – le dernier puisque la ligue changera de nom – sous forme d’apothéose. Alors que les forçats de la glace jouissent d’un repos amplement mérité, il est temps de jeter un œil dans le rétro de cette saison mouvementée en compagnie d’Olivier De Vriendt, Président du club liégeois.
C’est un peu par hasard qu’Olivier De Vriendt s’est pris de passion pour le hockey sur glace. « Je poursuivais des études d’ingénieur en aéronautique au Canada où mon oncle était professeur à l’université. Mon coc-kotteur de l’époque était un grand supporter des Nordiques de Québec – qui évoluent désormais dans le Colorado – et m’a amené voir des matchs. Je suis dès lors devenu un grand fan de hockey sur glace », se remémore-t-il.
Revenu en Belgique, c’est via son fils Florian, qui chausse très jeune les patins, qu’Olivier atterrit chez les Bulldogs où il occupera différentes fonctions jusqu’à celle de Président depuis 2009. L’histoire des Bulldogs est loin d’être un long fleuve tranquille. Le club a dû faire face à la fermeture de la patinoire de Coronmeuse et à un exode à Maseik avant de revenir à Liège pour la saison 2012-2013 où tout était à reconstruire, le club ne disposant plus alors que d’une équipe fanion. « Heureusement, beaucoup de jeunes qui étaient partis sont revenus chez les Bulldogs et nous avons vite senti un engouement de la part des supporters », se souvient Olivier.
Patiemment et avec intelligence, le club se structure à tous les niveaux. « Nous pouvions compter sur des personnes passionnés – comme notre Vice-président Charles Delbrassine – qui avait la volonté de faire grandir le club et de faire progresser le hockey sur glace dans la région », sourit Olivier. Rapidement, les Bulldogs raflent des titres en Belgique, rapatrient l’emblématique capitaine Jordan Paulus et intègrent la BeNe League dès la saison 2015-2016. Depuis lors, le club liégeois n’a cessé de progresser, s’imposant parmi les meilleures équipes de la compétition, glanant de nombreux titres et participant à une compétition européenne tout en élargissant et renforçant sans cesse sa base de bouillants supporters.
Il faut dire que le hockey sur glace ne manque pas d’attraits pour séduire les amateurs de sport et les curieux. « La plupart des personnes qui assistent à un match de hockey sur glace sont impressionné par le côté spectaculaire de cette discipline. Cela défend et attaque des deux côtés et il s’agit d’un show à l’américaine, un spectacle global », analyse Olivier. « 90% des spectateurs sont conquis, abasourdis d’assister à un truc pareil. Au hockey, c’est physique mais il n’y a pas de cinéma. Les athlètes ne trichent pas, ils font preuve de force, de courage, d’honnêteté et de droiture. » Et d’ajouter : « Le hockey est, en outre, une grande famille. Après une bonne bagarre sur la glace, tout le monde se retrouve pour partager une bière ensemble. Et chez les Bulldogs, nous avons la chance d’avoir désormais un vestiaire qui réunit des potes qui partagent les mêmes valeurs et l’envie de travailler collectivement. »
Au fil des années, loin de l’exposition médiatique dont jouit le Standard de Liège, les Bulldogs se sont imposés comme l’un des clubs phares de la Cité ardente, réussissant à engranger d’excellents résultats sportifs tout en fédérant une large communauté. « Le club vit en partie grâce à ses supporters dont il est fort dépendant et grâce à qui il peut investir dans les jeunes », précise l’emblématique Président. « Les joueurs sont accessibles au public, proches des supporters. Nous savions déjà que nous avions les meilleurs supporters de la compétition, cette saison n’a fait que confirmer cette certitude. Malgré un début de championnat compliqué, nos supporters n’ont jamais cessé de soutenir et d’encourager l’équipe, de protéger les joueurs et de les pousser, grâce à l’ambiance de feu qu’ils mettaient à la Médiacité, à se surpasser. »
Après une saison historique où les Bulldogs avaient raflé quatre trophées et exercé une impressionnante domination, cet exercice 2023-2024 fut pour le moins mouvementé. « Nous savions que nous étions attendus au tournant après avoir survolé la saison précédente grâce à un groupe arrivé à maturité et qui avait faim de victoires », reconnait Olivier. « Cette saison voyait, en outre, le niveau de la BeNe League rehaussé par l’arrivée de deux équipes allemandes. » Mais, très vite, les pépins s’enchainent pour les Liégeois après avoir réussi l’exploit de se qualifier pour le second tour de la Coupe Continentale. Plusieurs joueurs majeurs se blessent, les défaites s’accumulent et, inéluctablement, la grogne commence à gagner les rangs des joueurs et du staff. « En décembre, nous n’avions plus de jus. Les revers s’enchainaient et nous étions passés tout près de nous faire éliminer en Coupe de Belgique. Plus rien n’allait, même les imports commençaient à s’éteindre. »
C’est là, durant ce mois de décembre, que les Bulldogs vont vivre le tournant de leur saison. Les dirigeants tranchent dans le vif et décident de se séparer de leurs deux imports pour signer deux nouveaux renforts, le Russe Shabanov et le Suédois Reinhardt. « Nous nous sommes donnés les moyens car ce n’était pas des joueurs lambdas qui arrivaient dans l’équipe », assure Olivier. « Les joueurs ont repris confiance, ont retrouvé une cohésion et le chemin de la victoire. »
Pourtant, il serait dit que rien ne serait épargné aux Liégeois qui subissent un nouveau coup du sort : la blessure de Shabanov une semaine avant la finale de Coupe, perdue. « La grosse ovation des supporters a fait un bien fou au moral et nous avons pris notre revanche dès le week-end suivant contre Herentals. A partir de là, nous avons enchainé les prestations de très haut niveau et avons commencé à croire que briguer à nouveau le titre était possible », continue le Président des Bulldogs.
Durant les Playoffs, malgré encore des absences préjudiciables, les Bulldogs faisaient bloc pour faire face à l’adversité et se hisser en finale. Une finale ô combien disputée, à l’atmosphère parfois irrespirable, où tous les coups (bas) ou presque eurent lieu mais qui finit, au terme d’un scénario hitchcockien, par sourire à la bande à Paulus ! « En 2022-2023, notre titre était une consécration et l’aboutissement d’un travail de dix ans lors duquel un petit club liégeois avait gravi les échelons. Nous avions écrit l’histoire », rappelle Olivier. « Mais la saveur de remporter à nouveau le titre cette année est tout simplement incomparable car nous avons vécu un scénario que nous ne revivrons jamais avec une telle adversité et un dernier match au déroulement incroyable avec un Jordan Paulus au four et au moulin. Nous sommes passés de la catastrophe à l’apothéose, c’est sans nul doute le plus beau sacre des Bulldogs. »
La saison était à peine terminée qu’il faut déjà se projeter vers la suivante pour laquelle les défis ne manqueront pas, à commencer par la retraite de Jordan Paulus et le départ de l’entraineur. « Nous souhaitons continuer à nous améliorer. Même si demeurent quelques inconnues, nous aurons la chance de pouvoir compter sur un groupe qui travaille ensemble depuis des années », se projette le boss des Bulldogs. « Pour compenser la retraite de notre capitaine, c’est l’ensemble de l’équipe qui va devoir endosser plus de responsabilités. C’est un beau challenge alors que nous pouvons compter sur de jeunes talents pour venir renforcer notre équipe première. Le développement de nos jeunes est d’ailleurs une de nos priorités. »
A tous les échelons du club, la devise l’union fait la force semble d’application. « Nous sommes un club uni, une famille avec différentes composantes. Les joueurs, le staff, les coachs et les bénévoles tirent tous dans le même sens », félicite Olivier. « Nous avons la chance incroyable de pouvoir compter sur Charles Delbrassine sans qui nous ne serions jamais arrivés là où nous en sommes, sur notre Team Manager Jean-Pierre Bourdouxhe, pierre angulaire du club, et sur Claudia Collin notre secrétaire. Mais aussi sur des supporters incroyables et sur des sponsors qui rendent ces formidables épopées possibles. »
De la base de la pyramide à la pointe de celle-ci, les Bulldogs continuent de grandir et de performer pour porter haut les couleurs liégeoises sur la glace.
Thiebaut Colot
Crédits photos : Bulldogs de Liège