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« Les côtés romantique et dramatique me remuent et l’usage du chœur me donne des frissons »

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Formidable début de saison à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège avec une magnifique version de La Traviata qui a emmené le public dans un tourbillon d’émotions.

Dimanche 15 septembre, il y avait foule à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège pour la deuxième représentation de La Traviata, sans doute l’opéra le plus célèbre au monde et véritable chef-d’œuvre de Verdi. « L’ouverture d’une nouvelle saison à l’opéra est un évènement qui mérite d’être célébré », soulignait le metteur en scène Thaddeus Strassberger – inspiré tout autant de la tradition du cabaret français que de l’esthétique du cinéma italien des sixties – ayant réussi le pari de séduire à la fois les passionnés d’opéra et les profanes grâce à des décors somptueux, des costumes incroyables et une mise en scène éblouissante.

Petite surprise, avant même le début de la représentation, la Liégeoise Aurore Daubrun – qui interprète Flora Bervoix – inaugurait la scène du mythique temple de la culture liégeoise avec un pré-show pétaradant. Un choix audacieux rappelant que lors de la première de La Traviata au dix-neuvième siècle, un ballet intitulé Aladino ossia la lucerna meravigliosa avait également été présenté. En trois actes, les nombreux spectateurs ont vibré pour cette histoire d’amour compliquée par le nœud des conventions sociales, récit universel et toujours terriblement contemporain. Que cela soit lors des séquences grandioses rehaussées par un décor spectaculaire et de la danse ou lors de scènes plus intimistes, les heureux détenteurs du précieux sésame furent emportés dans un tourbillon d’émotions.

L’orchestre parfaitement dirigé par Giampaolo Bisanti sut parfaitement retranscrire les intentions de l’immense compositeur qu’est Giuseppe Verdi. Sur scène, dans le rôle principal, l’illustre Irina Lungu, qui se produisait pour la première fois dans la Cité ardente, a mis le public dans sa poche grâce à une interprétation exceptionnelle d’une Violetta Valéry tourmentée. Dotée d’une voix magnifique, celle qui s’est produite partout dans le monde, de Tokyo à Madrid en passant par Paris, Vienne et Moscou, sait quand partir dans de grandes envolées et quand murmurer, filant de véritables frissons à toute l’assemblée. Dmitry Korchak livra une prestation impeccable alors que Simone Piazzola, l’un des meilleurs barytons de sa génération, offrit une performance sensationnelle dans le rôle de Giorgio Germont. Dans le rôle de Flora Bervoix, Aurore Daubrun évoluait à domicile. « C’est un personnage secondaire mais présent et l’option qui a été choisie a été d’en faire une concurrente de Violetta – elles sont toutes les deux meneuses de revue dans cette version », expliquait cette talentueuse interprète. « C’est un rôle très gai et très plaisant à chanter pour lequel le jeu est peut-être encore davantage prépondérant que le chant. »

Un véritable plaisir pour la mezzo-soprano liégeoise de se plonger dans l’univers de Verdi. « La Traviata est un opéra que j’affectionne, je l’avais d’ailleurs vu deux fois lorsqu’il avait été joué la dernière fois à Liège, à l’époque du chapiteau. Globalement, j’apprécie toujours les œuvres de Verdi. Elles sont agréables à chanter, la ligne de chant est mise en avant, les côtés romantique et dramatique me remuent et l’usage du chœur me donne des frissons », confiait Aurore Daubrun que l’on retrouvera plus tard dans la saison à l’ORWL dans Les Noces de Figaro. « Je suis super contente d’y travailler régulièrement avec des rôles de plus en plus importants. C’est génial de voyager mais ce n’est pas forcément tout le temps facile. C’est pourquoi pouvoir me produire dans ma ville et pour une Maison aussi renommée et exigeante est un véritable plaisir. J’ai la chance de participer à des projets de qualité et de côtoyer de grands chefs et de grands artistes. »

La saison 2024-2025 de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège fut donc lancée sous forme d’un merveilleux feu d’artifice lyrique et promet encore de fantastiques moments avec Giselle, La Périchole, Tristan und Isolde, Guillaume Tell, Werther, Don Pasquale et Le Nozze di Figaro !

Plus d’infos : Page accueil – L’Opéra Royal de Wallonie – Opéra Royal de Wallonie-Liège (operaliege.be)

Pour (re)découvrir le portrait d’Aurore Daubrun, la mezzo-soprano liégeoise qui incarne Flora Bervoix : « Un métier passion, mon rêve de petite fille » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)

Thiebaut Colot

Crédits photos : ORW-Liège/J.Berger

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