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À l’approche des élections du 13 octobre, #Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre de Christie Morreale, ancienne vice-présidente du gouvernement wallon qui pousse la liste PS+ à Liège.
Femme de convictions, Christie Morreale s’est intéressée dès l’adolescence aux inégalités. « En quatrième ou cinquième secondaire, nous avons eu un cours d’histoire sur le capitalisme et le socialisme qui fut, pour moi, particulièrement révélateur », se souvient-elle. « Je trouvais injuste ce déterminisme social. Cela fut un déclencheur pour moi, me poussant à vouloir davantage de justice sociale. »
Si elle suivait les débats politiques du dimanche à la télévision, Christie grandit toutefois dans un environnement guère politisé, dans une cité d’Ougrée, avec un papa sicilien catholique et une maman laïque d’origine flamande. Accompagnée de sa maman, elle assiste à une réunion du Parti Socialiste où se produisait Laurette Onkelix. « Cela a vibré en moi, j’ai eu l’envie de m’impliquer, de faire bouger les choses », se rappelle-t-elle. « Cela m’a confortée dans la volonté de me retrousser les manches, de m’investir. »
À la sortie des secondaires, Christie entame des études universitaires en droit – « je ne m’y sentais pas légitime de par mes origines », confesse-t-elle – avant de bifurquer vers la criminologie. Mais avant même la fin de son parcours estudiantin, elle se voit offrir une place dans le cabinet de Laurette Onkelinx – elle-même originaire d’Ougrée – qui est alors vice-première Ministre, Ministre de l’Emploi, du Travail et de l’Egalité des chances sur les questions Egalité hommes-femmes et les dossiers intérieur/justice. Des thématiques qui parlent directement à la Sérésienne, devenue naturellement féministe, qui participe alors à mener à bien des dossiers complexes. « Dans un contexte patriarcal et de domination masculine, cela m’a semblé une évidence de lutter pour davantage d’égalité entre les genres », souligne celle qui, quelques années plus tard, Echevine à Esneux et déguisée en Mère Noël, n’hésite pas à distribuer des billes aux petites filles et des cordes à sauter aux garçons pour déconstruire les clichés identitaires. « Au sein de mon propre parti, je milite beaucoup pour cette cause – le féminisme – qui m’est chère. Il y a des progrès qui ont été faits au sein de notre société mais le chemin est encore long. »
« Je crois beaucoup à l’émancipation par le travail »
Véritable étoile montante du PS, elle en devient la vice-présidente nationale en 2003 à seulement 26 ans ! La suite est connue de toutes et tous. Echevine à Esneux, donc, mais aussi députée wallonne, sénatrice et conseillère au sein de différents cabinets ministériels, Christie épouse à bras le corps une carrière politique dans laquelle elle s’épanouit en menant des combats qui lui sont chers. En 2019, cette personnalité solaire, particulièrement à l’écoute, est investie d’une nouvelle mission en devenant vice-présidente du Gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale et de l’Économie sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. « J’ai le sentiment du devoir accompli en matière de santé », analyse celle dont le mandat a pris fin voici quelques semaines. « Je suis heureuse d’avoir pu mener des réformes sur l’emploi et d’être sortie des sentiers battus pour ramener dans le circuit des personnes sorties des radars. » Et d’ajouter : « Je crois beaucoup à l’émancipation par le travail. En chaque personne, il y a une force qui, avec de la confiance, peut transformer sa vie. En étant petite fille, vu mes origines, jamais je n’aurais imaginé aller à l’université et devenir Ministre. »
Un bilan positif malgré les crises – Covid, inflation des matières premières suite au conflit russo-ukrainien – traversées par la population qui explique l’excellent score enregistré par Christie aux élections de juin dernier. Tant par son action que par sa personnalité, la Liégeoise a convaincu les votants et figure parmi les grandes gagnantes du dernier scrutin avec près de 30 000 voix de préférence malgré la déroute du Parti Socialiste. Une popularité que Christie mettra au service du PS en poussant la liste PS+ à Liège pour les élections du 13 octobre 2024. « Je suis arrivée un peu plus tard dans le processus mais je trouve cette liste bien équilibrée, avec notamment l’arrivée d’une nouvelle génération ancrée dans des sujets importants pour les socialistes mais aussi celle de différents profils nécessaires pour la ville », souligne-t-elle.
Un choix tout sauf par défaut pour celle qui ne cache pas son bonheur de résider dans la Cité ardente. « Les défis sont ici », assure-t-elle. « Il n’y a pas un jour où je regrette mon choix. Je reçois un accueil formidable, c’est très gratifiant. Ces derniers mois, j’ai multiplié les rencontres avec les acteurs des différents secteurs. J’apprends constamment, je me nourris d’idées. Je suis convaincue qu’à Liège, il faut rassembler les forces vives. Il faut profiter de l’enthousiasme et de la fierté des Liégeoises et des Liégeois. Il y a plein de personnes qui ont des solutions pour améliorer la ville, il faut parvenir à les réunir autour d’un vaste projet commun. »
« Il est de notre devoir d’aider les plus démunis »
À Liège, Christie s’épanouit. « Cette ville possède une réelle chaleur humaine et offre un panel incroyablement riche d’activités culturelles. Avec 17 musées en ville et beaucoup d’activités gratuites et accessibles à tout le monde, la palette artistique est très large », s’enthousiasme-t-elle. « Quelle chance d’avoir autant d’opérateurs culturels pour une ville de 200 000 habitants ! Liège possède en outre une richesse patrimoniale et historique conséquente, présente des quartiers métamorphosés et devient une destination touristique de choix. »
Toutefois, tout n’est pas rose dans la Cité ardente et les défis ne manquent pas. « La question de l’hétérogénéité de la population se pose. Il faut convaincre la classe moyenne de réinvestir le centre-ville et favoriser l’acquisition de logements, notamment pour les jeunes », pointe Christie. « La précarité, inhérente aux grandes villes, est une autre problématique dont il faut se saisir en faisant preuve de nuance. Il y a trop de personnes malades – en proie à des soucis de santé mentale ou victimes d’assuétudes – qui n’ont pas leur place en rue. C’est indigne de laisser des gens dans un tel état car nous n’avons pas été capables de les mettre dans des cases. Je me sens responsable de cela et il faut peut-être s’inspirer de ce qui fonctionne ailleurs, à Barcelone ou à Utrecht par exemple, où la prise en charge se fait en périphérie des villes car dans celles-ci, les tentations sont permanentes. » Et de mettre en avant : « Il est de notre devoir d’aider les plus démunis en sensibilisant toutes les autorités compétentes, et de ne pas nous défausser de nos responsabilités globales, de ne pas oublier certains droits fondamentaux dont jouit chaque être humain. »
Quelques exemples de challenges qui attendent la prochaine majorité qui devra aussi veiller à accompagner le renouveau économique de Liège, sa mobilité, son vivre-ensemble ou encore la sécurité du centre-ville. « Là aussi, il s’agit d’un droit fondamental des femmes de pouvoir sortir dans la rue sans avoir peur. Certaines améliorations doivent être poursuivies », assure Christie qui conçoit que l’avenir s’annonce difficile. « Financièrement, il va falloir que nous soyons créatifs. Mais dans l’adversité, il faut se serrer les coudes et ainsi continuer la transformation de la ville. » Un défi qui n’effraie nullement cette femme engagée qui, comme à l’aube de son investissement en politique, ne rechignera pas à se « retrousser les manches ».
Thiebaut Colot
N. B. : cet article fait partie d’une série de portraits consacrés à quelques personnalités politiques – de tous les bords – désireuses de porter des espoirs pour le futur. Pour retrouver les trois premiers portraits : « Il y a de la place pour tout le monde » — #Liégeois (liegeois-magazine.be) , « Les jeunes d’aujourd’hui sont les adultes de demain » — #Liégeois (liegeois-magazine.be) , « Liège a un énorme potentiel » — #Liégeois (liegeois-magazine.be) , « Je suis un enfant de Liège » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)
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