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#Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre de Lisette Lombé, Poétesse Nationale et marraine de La Slamerie.
Le goût de l’écriture, Lisette Lombé le cultive depuis l’enfance, après avoir reçu de sa maman une machine à écrire. Toutefois, cette passion pour les mots, fut longtemps « mise au frigo » au cours d’une adolescence sportive – basket et athlétisme – et un début de carrière professionnelle, d’abord dans l’enseignement et puis comme travailleuse sociale. C’est après un burnout que Lisette renoue vraiment avec son stylo, d’abord de façon cathartique. « J’ai toujours eu un rapport poétique au monde, je suis très poreuse », confie-t-elle. « La langue s’est imposée à moi pour raconter l’intime. »
Une joie de jouer avec les mots qui ne quittera plus celle qui fête ses dix ans de scène. « Ecrire est avant tout un plaisir qui permet d’aborder la question de l’imaginaire, de développer la créativité et de travailler la langue », dévoile celle qui couche généralement sur papier son premier jet. « Cela permet aussi de faire bouger les lignes, de dénoncer des situations. »
C’est dans la poésie et le slam que la Namuroise d’origine s’épanouit. « La poésie est une langue particulière, pleine d’images, de sonorités », sourit Lisette. « Dans le slam, il est question de partage, d’être ensemble pour éprouver des émotions. Lors d’un premier texte, il se produit une manifestation physique dans tout le corps. »
Deux disciplines intimement liées et en plein essor en Belgique. « Il y a une grande effervescence autour du slam en Belgique où, comme au Québec, il existe une vraie porosité entre le slam et la poésie, des éditeurs n’hésitant plus à publier des auteurs travaillant l’oralité », confirme Lisette qui pointe deux temps forts ayant favorisé cette évolution : le confinement dû au Covid et le mouvement #Metoo. « La poésie favorise une acceptation de soi en tant qu’être sensible. Elle acte que chacun est traversé par des émotions et qu’il existe des mots pour les exprimer. C’est une langue qui creuse le cœur. »
Figure de proue du mouvement et exemple pour sa communauté, Lisette a été choisie comme Poétesse Nationale pour les années 2024 et 2025. « C’est évidemment un honneur, c’est une formidable reconnaissance de mon travail. C’est aussi une charge – il y a de nombreux projets et missions à mener – et une responsabilité. En tant que femme et personne racisée pratiquant le slam, c’est aussi, je crois, un signal d’ouverture », analyse celle qui revient de Tunis, où elle s’est produite à l’ambassade belge, et s’apprête à partir en tournée en Allemagne. « J’observe qu’il y a un intérêt pour la poésie, que certains lieux élargissent leurs propositions artistiques. »
Née à Namur où elle a grandi, habitant à Liège depuis son inscription à l’ULg à dix-sept ans et représentant la Belgique à l’étranger en qualité de poétesse nationale, Lisette est fière de sa belgitude et affectionne particulièrement la Cité ardente. « C’est là où mes enfants ont vu le jour, où mes amitiés fortes se sont créées, où je suis née artistiquement et professionnellement », souligne-t-elle. « Je sens à Liège quelque chose de très populaire, un sens de l’accueil et de la débrouille, une autodérision, une effervescence, notamment culturelle, une solidarité et une pulsion de vie. »
Depuis le début de la saison, La Slamerie a ouvert ses portes pour une Causerie Poéthique mensuelle. Un projet que marraine logiquement Lisette Lombé. « J’ai une amitié artistique avec M’sieur 13 et je trouve ça formidable d’assister à la naissance d’un lieu qui existe grâce à la synergie des efforts et où se partage la poésie. Je ne pouvais que me réjouir de cette initiative », explique celle qui était l’invitée de la deuxième session de La Slamerie, le dix octobre dernier. « C’était super. Cela faisait longtemps que je n’avais pas participé à une scène slam, c’était comme des retrouvailles. L’endroit est très chaleureux et on ressent bien la patte particulière dans l’accueil, la scénographie. Le slam est l’art de la parole mais avant tout celui de l’écoute. J’ai ainsi pu découvrir des participants qui dévoilaient avec aplomb ou appréhension leur cœur en partageant un premier texte. » Et de conclure : « J’ai ri, j’ai pleuré, cela m’a reconnecté avec le sens et l’essence du slam. »
La prochaine Causerie Poéthique aura lieu le 14 novembre. L’invité sera le Carolo Jérémie Tholomé. Ce poète belge, qui travaille actuellement à l’écriture de son premier roman Clark Nova, ne viendra pas seul à La Slamerie. Il sera accompagné de la violoncelliste Amandine Flandre que l’on a pu entendre dernièrement dans les spectacles La Bombe Humaine et Coquelicot. Cette musicienne formée au Conservatoire Royal de Liège collabore régulièrement avec la RTBF pour « The Voice » et a notamment accompagné Marc Lavoine pendant sa prestation lors de la récente soirée de clôture de l’opération Cap 48. Un nouveau rendez-vous à ne pas manquer !
Thiebaut Colot
Plus d’infos : Lisette Lombé – La vie, la poésie (lisettelombe.com) , Facebook
Pour (re)découvrir le portrait de M’sieur 13 : « La poésie est partout autour de nous, il suffit de bien regarder » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)
Pour (re)découvrir le portrait de Julie Lombé : « La poésie offre un rapport au monde différent » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)
Crédits photos : Paul Jacobs