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« La question du beau revenait tout le temps »

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« Et tous les discours finiront par je t’aime » : une exposition hommage au célèbre photographe Hubert Grooteclaes où l’art traverse trois générations.

Chaudfontaine confirme son statut de ville d’art. Quelques semaines après avoir inauguré une sculpture flambant neuve de Mady Andrien dans le Parc des Sources, Arthouse, le musée calidifontain implanté au cœur même de Source O Rama, propose une inédite expo de photographie : « Et tous les discours finiront par je t’aime »

Pensée pour marquer les trente ans de la disparition du célèbre photographe Hubert Grooteclaes, cette exposition traverse trois générations : Marianne Grooteclaes, fille d’Hubert, et Noé Delépine, son petit-fils, présentent ainsi leurs œuvres aux côtés du patriarche, tissant un dialogue visuel entre passé, présent, et avenir.

Maître du flou artistique, Hubert Grooteclaes est reconnu pour son approche unique de la photographie. Pour lui, le flou était bien plus qu’une technique : c’était une vision. « Ses photographies, légèrement floues et rehaussées de couleurs au crayon, évoquent une nostalgie empreinte de mélancolie. En contraste, une autre partie de son travail explore le pop art, où il manipule les négatifs pour créer des œuvres graphiques vibrantes, poussant les limites de la photographie traditionnelle », précisent les organisateurs.

« C’était magnifique de grandir aux côtés de mon papa, qui était un père exceptionnel », confie Marianne Grooteclaes. « J’ai eu la chance de voir à l’époque tout ce qui sortait du labo car il s’agissait d’un travail artisanal. S’il m’est difficile de séparer l’homme de l’artiste, il doit indubitablement me rester quelque chose de ces années où j’étais, en quelque sorte, à la source. »

C’est sur le tard que la fille du célèbre photographe belge s’est tournée elle-même vers la photo. « J’aime aussi le dessin et mon papa nous a toujours habitués à regarder autour de nous pour voir ce qui était beau et ce qui ne l’était pas. Cette question du beau revenait tout le temps », explique-t-elle. « Pour ma part, j’associe généralement la photo à la marche, une activité que j’affectionne. J’aime être en extérieur par toutes les saisons, j’emporte mon appareil avec moi et en tire parfois quelques clichés. »

Face à la nature environnante, Marianne peut être attirée par un paysage, des couleurs, des formes, des détails, divers reflets ou une certaine transparence. « Il s’agit de capturer un moment, un instant. Comme la nature est immobile, je prends le temps pour mes prises de vues et fais très peu de post-production », précise-t-elle.

Une thème que développe également Noé Delépine dans ses clichés. « Comme ma tante, je suis aussi quelqu’un d’extérieur », ajoute cet étudiant en philosophie dont la compagne est biologiste et travaille dans le secteur de l’écologie et de la préservation de la nature. « Depuis quelques années, mon travail est un peu le même tout le temps. Je photographie toutes les manifestions de la nature, au sens le plus large possible. Cela englobe tout ce qui concerne le vivant et le non-vivant. »

Né un jour après le décès de son grand-père, celui qui fêtera ses trente automnes au lendemain du vernissage de l’exposition a vécu entouré des photos d’Hubert Grooteclaes. « J’ai toutefois découvert assez tard ses œuvres, que je redécouvre en permanence et qui m’étonnent toujours », assure Noé. « J’y retrouve une certaine sensibilité, une capacité à faire des choses radicalement différentes et une forme de tranquillité dans son travail. »

Cette exposition collective à Chaudfontaine fait pleinement sens, la famille Grooteclaes ayant posé ses valises depuis longtemps à Embourg, village de la commune. « Je suis ravie que mon neveu y participe car il est également question de transmission », sourit Marianne. « C’est évidemment toujours chouette d’exposer son travail », embraie Noé. « Ce fut surtout très agréable, au moment de concevoir cette exposition, de constater les ponts qui reliaient nos productions. Ce n’est pas juste une question de nom, nous avons pu découvrir – nous ne nous étions jamais prêtés à cet exercice – que des éléments nous reliaient tous les trois dans la pratique de la photographie. »

« Et tous les discours finiront par je t’aime », est tiré de la magnifique chanson L’âge d’or de Léo Ferré dont Hubert Grooteclaes était un ami intime. Plusieurs portraits dans lequel le photographe liégeois a su capter l’essence du caractère et du génie créatif de l’immense artiste français seront également exposés. Une exposition à découvrir du 19 octobre au 29 décembre à Chaudfontaine.

Plus d’infos : Arthouse – Visit Chaudfontaine

Thiebaut Colot

Crédits photos : DR

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