En pleine campagne « Lisez-vous le belge ? », coup d’éclairage sur Altura Editions, la maison d’édition liégeoise fondée en 2022 par Primaëlle Vertenoeil.
Née à Bruxelles, ayant en partie grandi à Mons, Primaëlle Vertenoeil est arrivée dans la Cité ardente à dix-huit ans pour ses études de lettres et n’a plus jamais quitté la région liégeoise. « Ce sont souvent les non-Liégeois qui sont les plus fervents défenseurs de cette région », sourit la sympathique trentenaire qui, avec Altura Editions est « fière de défendre la culture liégeoise ».
Ces quinze dernières années, Primaëlle les a passées dans le milieu de l’édition, chez Luc Pire ou encore aux éditions de la Province de Liège avant de fonder, en 2022, Altura Editions. « C’est la première fois que je créais une structure de A à Z, mon propre projet. C’est très chouette de pouvoir tout penser, de voir le développement mais c’est aussi stressant et fatigant. C’est la passion qui me guide », dévoile-t-elle.
Passion, le mot est lâché. « Être éditeur, c’est avant tout un métier passion car cela reste une profession compliquée », reconnait cette Liégeoise d’adoption. « Chaque livre est différent, chaque projet est une nouvelle rencontre. Ce sont d’ailleurs ces rencontres, autant avec les auteurs qu’avec le public, qui sont un formidable carburant. C’est aussi très stimulant de porter un projet de sa conception à sa réalisation, de rendre l’immatériel tangible. Et c’est également gratifiant de voir un livre que j’édite trouver sa place en librairie. »
Altura est spécialisé dans la non-fiction : des ouvrages sur le patrimoine, les sciences humaines, le tourisme et la politique grâce au label cédé par Luc Pire. « Je souhaite défendre le patrimoine éditorial liégeois alors que beaucoup de maisons d’édition liégeoises n’existent plus ou ont été transférées à Bruxelles », explique cette ardente éditrice. « Les sujets que je choisis de publier me passionnent et il y a un vrai public intéressé par ces différentes thématiques. »
Primaëlle met un point d’honneur à travailler en circuit court, avec d’autres intervenants de la région, et ne publie volontairement que cinq ou six livres par année. « C’est un choix délibéré afin de pouvoir mieux suivre mes auteurs, avoir un contact plus privilégié avec eux et mieux pouvoir défendre et promouvoir leurs ouvrages », précise Primaëlle avant d’évoquer les difficultés de sa profession : la promotion, la diffusion et la distribution. « Il y a énormément de livres qui sont publiés, ce n’est pas évident de les faire connaitre auprès des libraires et du grand public ainsi que d’assurer sa distribution. »
Heureusement, Altura fait partie de l’ADEB – l’Association des Editeurs Belges – qui aide les petites structures à avoir un meilleur accès à la presse nationale pour promotionner leurs bouquins et à CIACO pour en assurer la distribution. « Une campagne comme « Lisez-vous le belge ? », est très importante pour les éditeurs belges. On constate que les libraires sont attentifs à mettre nos livres en avant, on reçoit davantage de sollicitations des médias… Mais c’est aussi paradoxal d’avoir dû mettre sur pied une telle opération, cela pose question sur la place de la littérature belge », analyse Primaëlle. « La littérature belge reste dans l’ombre de sa voisine française : on est toujours plus légitime quand on est publié à Paris. Il ne faut pas oublier qu’à l’école on n’apprend pas la littérature belge. Les lecteurs ne connaissent pas leurs propres auteurs. »
Une difficulté à se positionner face au marché français qui rajoute de la complexité à un métier pourtant essentiel. Pas de quoi cependant doucher l’enthousiasme de Primaëlle qui savoure l’aventure Altura dont le catalogue, riche d’une vingtaine de titres, continuera de s’étoffer.
Thiebaut Colot
Plus d’infos sur Altura : ALTURA EDITIONS
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Crédits photo et visuel : M. Dumont et DR