#Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre de Marc Isgour, talentueux et passionné photographe qui expose aussi bien à Bruxelles qu’à Chaudfontaine.
« Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont attachées à notre destinée et ont une signification qu’il nous appartient de déchiffrer », écrivait l’Académicien et Prix Nobel de littérature François Mauriac. Pour Marc Isgour, c’est une rencontre déterminante qui l’a conduit, dès l’âge de quinze ans, à se passionner pour la photographie. « Il y avait près de chez moi un magasin, le labo Photo CIDOC, dans lequel le propriétaire, lui-même photographe, avait également installé un studio », se souvient cet élégant quinquagénaire. « Jusqu’à mes vingt-et-un ans, j’ai travaillé là-bas pratiquement tous les soirs et tous les week-ends lorsque je ne partais pas en voyage faire des reportages photos, que je n’’immortalisais pas des cérémonies de mariage ou réalisais des portraits pour des catalogues d’agences de mannequins. »

Une passion dévorante qu’il fallut bien mettre sur pause – après avoir toutefois été Lauréat du concours national AGFA-GEVAERT pour la Province du Brabant – lorsque Marc, qui avait entreprit de sérieuses études de droit, devint avocat. « Ma maman m’avait dit que je pouvais faire ce que je voulais de ma vie mais qu’il fallait d’abord faire des études », sourit celui qui embrassa avec succès une carrière d’avocat spécialisé en droit des médias et en droits intellectuels et publia un ouvrage qui fait toujours autorité dans le domaine du droit à l’image.
Forcément, les horaires chronophages qu’induit de porter la robe laissèrent moins de place au Bruxellois pour nourrir son appétit de belles images même s’il publia encore de temps à autres ses superbes clichés, dans Paris Match ou Privilège. « Il y a deux ou trois ans, j’ai décidé de m’y remettre sérieusement et j’ai eu le bonheur d’être exposé à la Seed Factory à Auderghem, à la galerie Cactus à Uccle et au musée Source O Rama de Chaudfontaine », savoure Marc. « C’est évidemment une fierté et une sorte re reconnaissance et cela me donne envie, si l’intérêt pour mes photos perdure, de poursuivre dans cette voie. »

Si au départ Marc faisaient beaucoup de portraits car il aime « prendre des photos de personnes dans leur milieu et leurs activités », il dériva petit à petit vers des images plus graphiques, abstraites et artistiques, que cela soit d’architecture, de paysages, d’objets ou de détails qui peuvent paraître insignifiants. « Auparavant, on me disait que je faisais de belles photos et j’ai fini par vouloir produire un peu plus que de jolies cartes postales. J’aime prendre des photos qui poussent les spectateurs à s’interroger », explique-t-il. « Pour mes dernières séries, j’ai davantage théorisé mes réflexions sur l’image, je me suis fixé des objectifs – sans mauvais jeu de mots – plus précis et une ligne de conduite plus claire. »
Cela a donné, notamment, de superbes photos sur le thème de l’eau qui sont actuellement exposées dans le musée de la petite station thermale calidifontaine après avoir été affichées à la galerie Cactus. S’il y a par contre quelque chose qui est resté identique dans la vie de ce père de famille épanoui, c’est son goût immodéré pour les voyages. « J’ai toujours aimé voyager et je vis pour voyager car cela ouvre des portes sur le monde », assure celui qui a pu assister à la chute du Mur à Berlin, a bourlingué en Asie – sa destination favorite – en Amérique du Sud et en Afrique mais aussi au Groenland. « Mon premier grand voyage fut en Thaïlande, avec mon épouse. L’Asie du Sud-Est est une région qui m’a immédiatement séduit. S’il est certes difficile de pénétrer réellement dans la culture des autochtones, j’aime leur façon d’être et trouve magnifique le respect qui les anime. »

Des voyages intimement liés à la photographie. « C’était pendant mes vacances que je pouvais faire de la photo », reconnait celui dont le quotidien trépidant – en plus du barreau, il est également professeur dans deux universités, membre du Conseil de l’Audiovisuel et de plusieurs autres organes – ne lui laissait guère de répit. « D’une certaine manière, je voyage aussi pour prendre des photos, comme lorsque j’ai pu faire un reportage lors de l’enterrement d’un roi Ubud en Indonésie. »
Toujours accompagné de son appareil, celui qui a acheté son premier boîtier numérique il y a une vingtaine d’années lors d’un… voyage à New York savoure ces instants précieux. « Ce que j’affectionne, c’est la création. Il y a un plaisir de savoir qu’on a réussi à capturer un moment précieux », dévoile-t-il. « Quand je suis occupé à prendre des photos, le reste du monde n’a plus d’importance. Je suis presque hors du réel, totalement dans ma bulle. » Et d’ajouter : « Il existe une dimension philosophique dans le fait d’actionner le bouton de son appareil photo, c’est une forme de captation, la mémoire d’un moment qui n’existera plus que dans le cliché qui a été pris. »
Un plaisir désormais partagé avec un public enthousiaste, comme lors du vernissage d’Immersion, l’exposition collective du Source O Rama de Chaudfontaine. « Si la photographie était peut-être au départ un plaisir égoïste, j’ai désormais envie que mes photos puissent être vues et qu’en les observant, les spectateurs prennent eux-aussi du plaisir, qu’ils s’autorisent à rêver », conclut ce véritable passionné vraisemblablement convaincu, comme Szczepan Yamenski, que « la vie est une succession d’instants et de rencontres que seule la photographie a le pouvoir d’immortaliser ».
Thiebaut Colot
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Crédits photos : Marc Isgour