#Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre d’Adeline Stals, jeune Liégeoise à la tête d’Airplan, une start-up wallonne ultra prometteuse qui bouleverse les codes de l’architecture.
A seulement trente-trois ans, Adeline Stals peut déjà se targuer d’un très joli et inspirant parcours. Cette Liégeoise de souche qui vit désormais dans le très agréable quartier des Vennes a notamment passée une année académique à Berkeley, la prestigieuse université californienne, pour son postdoctorat. Une chouette expérience pour cette architecte de formation qui s’est rapidement intéressée à la digitalisation de sa profession dans le cadre de son doctorat à l’Université de Liège. « Petite, je dessinais beaucoup et je pratiquais la voile à haut niveau », se rappelle cette jeune maman. « Comme la plupart des jeunes, avant d’entamer des études supérieures, je me suis rendue au SIEP. Et là, le stand d’archi a attiré mon attention. Ça a directement matché avec ce cursus qui combinait mon côté cartésien et l’aspect créatif. » Et d’ajouter : « Je me suis vraiment révélée durant mes études d’architecture. »

Des études menées brillamment pour celle qui avait toujours été une bonne élève et qui, dans sa pratique assidue du laser, une sorte de petite formule 1 à voile, avait développé différentes qualités – rigueur, exigence, résistance au stress, esprit de compétition – qui l’ont aidée à poursuivre un brillant cursus en Belgique et à l’étranger. « Lorsque je suis revenue en Belgique, j’ai travaillé pour plusieurs petits bureaux et j’ai rapidement été confrontée à la lourdeur administrative que demandent certaines démarches urbanistiques », continue Adeline. « Je remplissais les permis urbanistiques durant mes soirées afin de garder mes journées pour des tâches plus constructives et au bout de quelques soirs particulièrement rébarbatifs, je me suis dit que ce n’était pas possible de continuer de la sorte. »
Une idée germe alors dans l’esprit de cette jeune femme dynamique : imaginer une application qui permet de réduire à quelques minutes un travail jusque-là chronophage et répétitif, en remplissant automatiquement les demandes de permis d’urbanisme. Airplan était né ! Avec Jérémy Corman, spécialiste en stratégie digitale et Intelligence Artificielle, et Frédéric Feytons, développeur, Adeline lance sa plateforme innovante qui possède plusieurs avantages : un gain de temps considérable pour les architectes, l’absence d’erreurs grâce à la justesse et à la vérification de toutes les données intégrées et le risque nul d’avoir des doublons. Ce logiciel exclusivement consacré aux permis d’urbanisme en Wallonie aide également les professionnels à repenser leur organisation de travail. « Les architectes ont toujours tendance à reporter l’introduction du permis d’urbanisme à plus tard à cause du caractère peu passionnant de la tâche et doivent donc parfois justifier des écarts par rapport aux règlementations initiales », remarque Adeline. « Avec Airplan, ils peuvent débuter leur projet par une étude de faisabilité qui va lister les règlementations à respecter sur la parcelle choisie. »

Avec une interface très simple à utiliser, Airplan a rapidement conquis son public cible. En seulement deux ans, 700 bureaux d’architecture utilisent ce logiciel – sur base d’un abonnement annuel ou à l’unité – qui a déjà généré plus de 4500 permis d’urbanisme. Désormais, un permis sur vingt en Wallonie passe par Airplan ! « Le bilan est positif. Nous suivons la courbe fixée, nous collons aux projections imaginées », sourit Adeline qui envisage un doublement de son chiffre d’affaires pour 2025. « Nous sommes heureux de notre attraction et de notre diversification. »
Adeline et ses associés n’entendent pas en rester là et désirent poursuivre l’expansion d’Airplan en élargissant leur cœur de cible. « Nous nous sommes rendus compte que notre plateforme pouvait être utiles à d’autres professions – notaires, agents immobiliers ou géomètres – mais aussi à tous les particuliers », explique cette dynamique entrepreneuse. « Certains permis urbanistiques, par exemple isoler sa façade, ne demandent pas forcément d’engager un architecte mais demeurent complexes à compléter. Dès lors, nous voulons élargir notre interface pour la rendre accessible à quiconque en aurait besoin, en conservant une facilité de prise en main et y intégrant de l’Intelligence Artificielle. »
De beaux défis en perspective pour Adeline qui a su cultiver son désir d’entreprendre. « J’aime voir que notre produit est quelque chose d’utile. C’est l’aspect le plus enrichissant de ma profession et pour ça les feedbacks des utilisateurs sont très importants. Cela nous aide à nous remettre en question, à évoluer. C’est très challengeant », analyse celle qui, en architecture, a toujours eu un faible pour les rénovations – avec toutes leurs contraintes – de petites maisons mitoyennes comme on en trouve énormément à Liège.
Une Cité ardente à laquelle Adeline reste profondément attachée. « J’adore la proximité avec tout – je vais en vélo pour le coworking à la Grand Poste – ainsi que la présence de la Meuse et l’ambiance générale », souligne-t-elle. « Liège pourrait être mieux mais ça bouge quand même beaucoup. Et au niveau ‘archi’, c’est vraiment pas mal ce qui se passe pour le moment dans le centre. » L’architecture : la boucle est bouclée.
Thiebaut Colot
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