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« J’ai été élevé avec l’humour français »

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#Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre de Benjamin Tranié, l’un des hommes les plus drôles de France, qui se produira ce 20 mars au Trocadéro de Liège.

« J’ai toujours aimé me marrer, c’est tellement cool de faire ce métier », confie Benjamin Tranié, considéré par notre rédaction comme l’homme le plus drôle de France, ex-aequo avec Jérôme Commandeur. « Je suis un gros fan de Commandeur, il est drôle tout le temps. J’avoue que ce métier lessive et que depuis que je suis humoriste, je suis peut-être un petit peu moins drôle dans le privé. C’est comme un boulanger : quand il rentre à la maison, il n’a pas forcément envie de faire du pain (rires). Heureusement, j’arrive encore à faire rire ma femme et j’ai des amis très drôles (rires). »

Petit garçon, Benjamin était très fan d’Elie Semoun et de ses Petites Annonces. « Mes sœurs m’ont fait découvrir les Deschiens et les Inconnus, plus tard j’ai beaucoup kiffé Jérôme Commandeur, justement, et le Palmashow. J’ai été élevé avec l’humour français », sourit ce dynamique trentenaire. « J’ai vraiment grandi avec l’utilisation des personnages dans l’humour plutôt qu’avec le stand-up à l’américaine. »

Une influence qui se remarque dans le travail de Benjamin qui, à contre-courant de ce qui se pratique généralement, a développé toute une gamme de personnages aussi hilarants que savoureux. « J’affectionne beaucoup le Maire de Mouroux ou encore le Beauf avec lequel j’ai commencé. Mais je les aime tous car ils sont tous différents et nécessitent chacun une écriture différente… Ce sont mes gosses », assure-t-il avant de souligner à quel point Ça passe, de Laura Felpin, fut une validation pour lui. « Elle hésitait un peu à écrire un spectacle avec des personnages. Elle en avait envie mais craignait que cela soit ringard. Elle était venue voir mon spectacle et cela l’avait rassurée… Elle a bien fait puisqu’elle a obtenu un Molière. C’était super pour elle mais aussi pour moi car elle a repopularisé l’utilisation de personnages auprès du grand public. »

Un parti pris que kiffe Benjamin qui laisse libre cours à son imagination pour développer des personnalités aussi diverses que férocement drôles. « Avec mon co-auteur, on s’inspire de temps en temps de trucs que nous voyons ou d’interviews que nous lisons mais nos personnages ne sont pas de vrais gens. S’ils existaient, ils devraient se faire interner (rires). Cela provient davantage de notre imaginaire », continue-t-il. « Nous vivons dans un monde où chaque mot est analysé, où tout peut devenir polémique. C’est génial que dès qu’on s’affuble d’une perruque ou qu’on enfile une veste, on puisse tout dire, tout essayer. »

Une totale liberté que savoure Benjamin et qui explique à quel point la scène reste son terrain de jeu de prédilection. « Il y a un truc exceptionnel avec un spectacle c’est que dès que les spectateurs s’installent dans la salle, leur cerveau switche, ils sont prêts à rire. Être sur scène autorise tout. Je peux oser ce que je veux, divaguer… J’aime bien improviser et des fois, après une représentation, je me demande pourquoi j’ai balancé tout ça », analyse-t-il. « Dans mon premier spectacle, je me mettais quand même torse nu et faisant semblant de lancer du caca sur les gens… On peut vraiment se lâcher et se marrer sur scène. »

S’il aime avoir les coudées franches, Benjamin apprécie également ses passages en radio, dans Zoom Zoom Zen sur France Inter. « C’est agréable car cela fait travailler la créativité. Il faut essayer d’être drôle chaque semaine sur un thème imposé », explique-t-il. « Pour moi qui ne suis pas trop scène ouverte ou plateau, cela permet d’essayer plein de choses, de tester de nouveaux ‘persos’. Il faut vraiment arriver à être drôle en une seule fois. »

Multiplier les expériences, les formats et les médias sur lesquels s’exprimer fait partie des avantages du métier d’humoriste. « C’est incroyable la diversité qu’offre ce métier, tout ce qu’on peut faire », assure celui qui reconnait n’avoir pas été très bon en classe et s’être réveillé après le lycée. « J’apprends tout le temps, c’est trop bien et super passionnant. Ecrire des chroniques, des scénarios, des séries, des sketchs, jouer… Tout est différent et stimulant. » Et d’ajouter : « Je trouve d’ailleurs que l’image du troubadour qui galère n’est pas forcément vraie. Dans le secteur de l’humour, il y a toujours du boulot pour les acharnés. Bien sûr, il faut taffer dur et ne pas compter ses heures. Mais c’est un rêve atteignable pour ceux qui en ont envie, ce qui n’était peut-être pas le cas il y a quelques années. »

Son deuxième spectacle, Félicitations et tout et tout, cartonne depuis deux ans. Original : il met en scène un mariage. « En fait, je me mariais l’année où nous écrivions ce spectacle, ça coulait de source d’utiliser ça. Et puis, les mariages sont des lieux où se passent plein de rencontres, ou plein de personnes différentes sont invitées », précise ce génie de l’humour. « Les spectateurs seront heureux d’y retrouver des personnages qu’ils attendaient – pas tous car je ne peux pas tous les mettre – et il y a clairement un plus par rapport aux chroniques. Normalement, les spectateurs devraient rigoler. Je me lâche vraiment et les blagues ont été rôdées plus de 150 fois. »

Ce 20 mars, Benjamin sera au Trocadéro pour y jouer ce spectacle. « Je me réjouis d’être au Troca car c’est encore mieux de dire des horreurs dans un lieu sublime », avance celui qui a spécifiquement modifié son spectacle pour y inclure des références culturelles belges. « Je suis venu à Liège une fois pour le Festival International du Film de Comédie de Liège. J’avais adoré l’accueil, l’ambiance, la ville, je suis très content d’y revenir. » Et de conclure, en bon vivant assumé. « Normalement, je mange avant le spectacle. Mais là, le promoteur m’a dit que nous irions découvrir une spécialité locale après la représentation. Je suis trop excité de bien manger. »

C’est sûr que dans la Cité ardente, Benjamin trouvera de quoi faire ripaille. Et que les heureux détenteurs du précieux sésame pour assister à Félicitations et tout et tout sont aussi excités que lui à l’approche de ce jeudi soir pas comme les autres.

Thiebaut Colot

Infos et réservations : BILLETTERIE – Trocadero , BILLETTERIE – Trocadero

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Crédit photo : Antoine De Bary

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