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« Plongée dans une bulle infranchissable »

À la une Art Culture Portraits

#Liégeois / Liégeois Magazine vous plonge au cœur de la ville ocre et des montagnes de l’Atlas avec Manama.

C’est depuis l’Espagne, un pays qui compte beaucoup pour elle – « ma fille est née là-bas » -, que Nathalie Marly, alias Manama, se confie. « Peindre ici, c’est très gai. C’est difficile de ne pas être inspirée par la beauté d’un coucher de soleil. Ici comme à Marrakech, il règne une quiétude, un bonheur, un temps de vivre différent », confie-t-elle.

Marrakech est l’autre destination où Nathalie apprécie se ressourcer. « J’adore la culture marocaine. C’est là que j’ai écrit mon premier roman. Marrakech, c’est un vrai choc culturel avec une religion différente, une écriture magnifique et différente et qui offre des couleurs invraisemblables. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme la ville ocre », sourit-elle. « Les souks sont très inspirants et j’ai un amour incroyable pour la création de tapis et pour l’artisanat local en général. Ce que confectionnent les artisans locaux, c’est de l’ouvrage d’art, techniquement très riche. »

Pour cette amatrice d’art, Marrakech est une inextinguible source d’émerveillement. « Cette ville a un véritable foisonnement culturel, tout y est art. Je suis souvent terrassée de bonheur face à toutes ces merveilles », assure celle qui déniche là-bas une multitude de pigments colorés qui serviront à transformer d’anodines toiles blanches en tableaux inspirants.

Avec ses œuvres, Nathalie, active sur différents fronts, a entamé sa troisième vie. Auteure de sept ouvrages édités, elle continue de transmettre à sa façon. « Avec mes toiles, j’écris toujours », souligne-t-elle. « Comme l’écriture, peindre me permet de m’évader. Lorsque j’écrivais des romans, je devais aller en moi pour faire surgir cette dentelle de mots. » Un sentiment de plénitude envahit cette artiste lorsqu’elle s’empare de ses pinceaux. « J’ai une créativité débordante. J’adore stimuler cette créativité et j’aime cet état créatif qui diminue mes douleurs à la main », continue-t-elle. « C’est une forme d’état hypnotique. Je suis plongée dans une bulle infranchissable. C’est un peu comme quitter le sol pour transcender les choses, c’est une position un peu ‘méta’. »

Créer, une sorte de nécessité pour Nathalie qui, enfant et adolescente, pratiquait la danse classique et la de la gymnastique rythmique avant de se tourner vers l’écriture, la réalisation, la photo et désormais la peinture. Les œuvres de Nathalie sont reconnaissables au premier coup d’œil, avec une grosse dominance de bleu. « C’est sans doute lié à mon amour infini pour la mer qui est fascinante lorsqu’elle change de couleur ainsi qu’à ma passion pour le Maroc », tente-t-elle d’analyser. « C’est la couleur qui me rend la plus « ivre », la plus hypnotique. Elle peut donner beaucoup de relief, de nuances et de profondeur, c’est grisant. »

Après une première exposition réussie à Villa Gallery, celle qui se fait appeler Manama expose actuellement à la nouvelle galerie GC12, au sein même du Grand Curtius. Pour l’occasion, elle y a dévoilé des toiles puissamment colorées. « Je voulais cette expo audacieuse et créer une atmosphère chaude, toujours avec ce bleu mais aussi avec d’autres couleurs grâce à des pigments dénichés à Marrakech », dévoile-t-elle. « Cette exposition provoque des contacts intéressants, suscite des retours. C’est un peu comme une boule de neige qui descend une pente et cela donne l’espoir de voir l’ébauche de quelque chose se mettre en route. C’est très gai et cela me pousse à continuer à travailler. »

Avec sa « peinture miroir », Manama – qui signifie, en arabe classique, les pensées douces et apaisantes qui nous animent dans un état de semi-conscience – veut plonger les spectateurs dans un état hypnotique semblable au sien quand elle crée et les emmener dans une balade heureuse dans les montagnes de l’Atlas et dans les souks de la ville ocre. « On ne peut pas dicter une émotion aux spectateurs. Il faut aller au-delà des mots, des couleurs. C’est de la transcendance, lorsque les points se relient, que naît l’émotion », conclut cette intarissable passionnée.

Thiebaut Colot

Crédit photo : DR

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