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En pleine opération « Lisez-vous le belge ? », #Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre de Sophie Pirson qui livre avec Quatre saisons plus une un carnet de bord profondément humaniste du procès des attentats de Bruxelles.
« J’ai toujours eu envie d’écrire, déjà petite j’écrivais à l’occasion. J’ai un rapport de plaisir à l’écriture car je n’ai pas besoin d’écrire pour vivre, je peux rester des jours entiers sans rédiger la moindre phrase », commence Sophie Pirson qui a travaillé toute sa carrière dans le secteur culturel.
Ce n’est toutefois qu’après les attentats de Bruxelles en 2016 que cette maman de deux enfants et grand-mère de plusieurs petits-enfants se décide à franchir le pas. Sa fille Léonor est blessée lors des explosions au métro Maelbeek. « J’ai vécu cela comme un séisme, j’étais encore davantage touchée que ma fille fut blessée par un autre être humain », continue-t-elle. « Le cœur fait alors un pas de côté et ne se remet pas tout à fait au même endroit. »
En 2021, Sophie publie Couvrez-les bien, il fait froid dehors, fruit de sa rencontre en 2018 avec Fatima Ezzarhouni, maman d’un jeune radicalisé parti combattre en Syrie en 2013. « Une manière de trouver comment dépasser l’horreur et de transmettre quelque chose aux jeunes », poursuit Sophie qui opte déjà pour l’écriture du réel, un genre qu’elle affectionne. « J’aime partager au monde ce que je vois, ma perception de la société. »
Lorsque s’ouvre en 2022 le procès des attentats de Bruxelles, l’autrice reprend sa plume pour confectionner un singulier carnet de bord, dévoilant les coulisses d’un procès hors normes, interrogeant celles et ceux qui ont peu ou jamais la parole, dépassant les clivages et les rancœurs. Cela donnera Quatre saison plus une, publié cette année aux éditions l’Arbre à paroles. « Il y a une dimension littéraire à cet ouvrage. Même si cela peut paraître étrange, j’ai tenté d’essayer d’insuffler de la poésie dans ce carnet de bord qui n’est ni un besoin cathartique, ni une thérapie », précise Sophie qui livre un bouquin empreint d’une profonde compassion . « Je ne tente pas de délivrer un message mais j’ai voulu montrer que ce procès est le reflet de ce qu’on peut vivre dans le monde d’aujourd’hui. Il y de la colère, de la tristesse mais aussi beaucoup d’humanité. Au cours de ce long procès, certains accusés ont montré une part de leur humanité et beaucoup ont exprimé des regrets. »
Quatre saisons plus une ne cherche pas à apporter des réponses toutes faites. « Il reste beaucoup de questions, certaines demeurent ouvertes. Ce n’est pas si important de ne pas avoir de réponse mais c’est essentiel de partager ses impressions », ajoute Sophie dont le livre, à rebours de la société contemporaine, est tout en nuances. « Au cours de ce procès, je fus balayée par tous les sentiments qui existent : la tristesse, le rejet, la compassion. Ce fut éprouvant mais aussi très intéressant. Au final, être ensemble et tenter de comprendre ouvre un espace de réflexion, cela conduit à un cheminement, à une évolution. »
Grâce à son premier livre, Sophie a multiplié les rencontres en librairie et les animations scolaires. Quatre saisons plus une a reçu moins d’écho selon son autrice. « Le sujet ne semblait plus être d’actualité et cela en dit finalement long, beaucoup de victimes se sont senties quelque peu abandonnées », analyse Sophie qui a décidé de poursuivre sa trajectoire littéraire en étant actuellement occupée à écrire un carnet de bord au sein d’une école professionnelle et technique.
Thiebaut Colot
Commander Quatre saisons plus une : Quatre saisons plus une: Carnet de bord du procès des attentats de Bruxelles – Babelio
Plus d’infos sur l’Arbre à paroles : Éditions – Maison de la poésie d’Amay
Crédit photo : DR