Depuis quarante ans, Vincent Letesson, alias Mister Must, insuffle une indispensable légèreté à une Cité ardente qu’il chérit.
Si ses goûts musicaux l’entraînent davantage vers le Royaume-Uni, Vincent Letesson reste un indécrottable Liégeois. « J’adore Liège, c’est une ville incroyable, hors du temps et tellement différente des autres », dévoile celui qui, partout, reconnait des lieux où il s’est forgé des souvenirs mémorables. « Il y a à Liège un sens de l’accueil et une chaleur que je ne retrouve nulle part ailleurs. En deux minutes, tu peux lier connaissance avec les Liégeois, c’est fou. »
![](https://www.liegeois-magazine.be/wp-content/uploads/2025/01/mister-must-1.jpg)
« C’est une ville à taille humaine, ni trop grande ni trop petite, où règne une chouette convivialité, avec un accent latin prononcé », poursuit le sympathique quinquagénaire qui regrette la façon dont la Cité ardente peut être stigmatisée. « Je l’aime comme elle est, avec ses imperfections urbanistiques qui me font penser à Liverpool. »
Une ville qui lui a offert son patronyme : Mister Must. « J’avais vingt ans, j’étais en première candi en droit et je commençais à sortir au Must. Le nom avait une forte consonnance anglo-saxonne, ça m’a plu » se rappelle-t-il. « Il y a un côté Dr Jekyll et Mister Hyde en élaborant ce personnage, une distorsion entre Mister Must et moi-même qui me sert aussi de protection. »
Depuis quarante ans, Vincent Letesson occupe, sous le nom de Mister Must, une place singulière dans le paysage médiatico-culturel liégeois. Animateur radio, organisateur de soirées, concepteur et éditeur de magazines de mode, fondateur de Miss Jeunesse dorée, Mister Must fut partout, croquant avec gourmandise et appétit dans ces diverses expériences. Depuis toujours, Vincent cultive l’une des plus louables qualités : la légèreté. « Je suis convaincu que la futilité est la chose la plus importante sur terre », assure-t-il. « Pour moi, chaque journée doit être belle et j’assume cette envie de légèreté qui fait le sel de la vie. Nous avons besoin d’un grain de fantaisie et de folie dans notre quotidien, de douceur et je veille à communiquer cette bonne humeur. » Et d’ajouter : « J’aime la vie qui va vite, être surexcité, sentir mon cœur qui bat la chamade et l’existence qui pétille. »
![](https://www.liegeois-magazine.be/wp-content/uploads/2025/01/mister-must-3.jpg)
À l’époque des radios libres, Mister Must faisait un carton d’audience et développait des concepts forts axés sur la musique, la mode et une certaine idée de l’insouciance et de l’élégance. « Je parlais du rock au lycée, je mettais en avant ces jeunes qui investissaient la mode, je réalisais des shootings dont les photos étaient distribuées dans les écoles un peu branchées », se souvient celui pour qui la mode fut un moyen de s’extravertir en devenant l’un des leaders liégeois du style BCBG. « Les mecs cools des années ’80 avaient une véritable esthétique et la mode est une affaire de rupture, un gigantesque fourmillement de tendances qui se nourrissent les unes des autres. »
Son goût pour la mode est resté intact, tout comme sa passion pour la musique. « Tous mes catalogues portaient le nom d’un album d’un groupe de rock ou de pop anglais et s’inspiraient de cet univers » précise celui à qui l’on doit, notamment, Strass Magazine et Lily of the Valley Magazine ainsi que Miss Jeunesse Dorée qui rassemblait, à un moment, jusqu’à cinquante filles et dix photographes par édition. « Au milieu des années ’80, il y avait une forme d’insouciance, une créativité débridée et davantage de liberté. Mais je ne suis pas nostalgique, au contraire, j’adore cette belle jeunesse qui arrive, qui fait avancer les choses. J’ai beaucoup d’espoir pour la jeune génération. »
![](https://www.liegeois-magazine.be/wp-content/uploads/2025/01/mister-must-2.jpg)
Voici quelques mois, Vincent Letesson offrait une plongée kaléidoscopique dans l’univers de Mister Must à travers un magnifique collector de 200 pages pleines de photos de 1984 à 2024. « J’y affiche plus de 1000 Liégeoises et Liégeois, toutes celles et ceux qui ont accompagné ma carrière », sourit cet éternel optimiste un brin rebelle. « Je suis heureux de la carrière atypique que j’ai poursuivie et, surtout, d’avoir toujours su rester moi-même. Il est impossible d’être vrai avec les autres si on n’est pas sincère avec soi-même. »
Après quarante années à animer la vie culturelle liégeoise, Vincent ne semble pas encore rassasié et fourmille d’idées pour continuer à insuffler dans la Cité ardente cette indispensable légèreté.
Suivre Vincent Letesson : Facebook
Thiebaut Colot
Crédits photos : avec l’aimable autorisation de Vincent Letesson