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« Toujours le feu sacré »

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Après quarante ans de carrière, Marka a toujours autant la banane et se réjouit de venir chanter au Village Gaulois le 7 juillet et aux Francos de Spa le 21 avant d’entamer sa tournée d’été. Rencontre avec un artiste aussi sympathique que talentueux.

Après quarante ans de carrière, qu’est-ce qui fait encore « courir » Marka ? « Je ne saurais pas répondre à ça », rigole le chanteur bruxellois qui vient de sortir un nouvel album intitulé « Terminé bonsoir ». « Je suis le premier étonné d’avoir toujours le feu sacré. Je crois que j’ai simplement trouvé un équilibre. Et puis, le public me le rend bien. Je suis en quelque sorte drogué au contact du public – même si c’est relatif par rapport aux foules que drainent les concerts de mes enfants. Je dois être un esprit obstiné. »

Le ton est donné, cet entretien avec ce fringant sexagénaire se déroulera avec simplicité, bienveillance et humour. « Je suis un fils de flamands mis à l’école en français. Chez moi, on parlait mal les deux langues », sourit Marka. « Même si Bruxelles a considérablement évolué depuis les années soixante, je conserve cet esprit moqueur de moi-même typiquement bruxellois. C’est un bon moyen aussi d’éviter les railleries car, comme en football, la meilleure défense c’est l’attaque. » Un sport qu’il chérit, lui l’indécrottable supporter du RWDM. « Je suis déjà allé au Standard quelques fois. Je m’étais pris de sympathie pour ce club qui avait alors une génération dorée avec Witsel et compagnie. À Sclessin comme à Malines, quand on va au stade, on sent un club qui vit. Cela se ressent aussi désormais à l’Union Saint-Gilloise où il règne une super ambiance dans les tribunes. »

Mais revenons à nos moutons : la musique. « Je travaille sans arrêt sans réellement travailler », m’explique Serge Van Laeken, le nom civil de Marka. « Je laisse mon esprit faire feu de tout bois. Quand l’inspiration me vient, j’en prends note ou j’enregistre et, parfois, bien des années après, je réutilise ce matériau. »

Bien dans l’air du temps, Marka ne jette rien et recycle ses idées – « je devais être en avance sur mon temps », blague-t-il – pour continuer de créer inlassablement des chansons qui restent en tête. « C’est un peu comme un puzzle, avec différentes pièces qui s’assemblent ensemble », me précise-t-il. « J’ai parfois ‘honte’ d’appeler ça du travail car c’est amusant, ludique, très chouette. »

« Mes chansons ont beaucoup tourné dans le carré dans les années 2000 »

Une passion qui transpire aussi des prestations scéniques de cet artiste inclassable. « J’ai toujours agi de manière festive sur scène, avec l’envie de m’amuser et de ne pas me prendre la tête », rappelle celui qui sera au Village Gaulois ce jeudi sept juillet. « L’année passée, cela s’était super bien passé et je suis heureux de revenir cette année. »

Il faut dire que « L’homme qui aimait la scène » – titre de son album sorti en 1999 – a tissé des liens forts avec la Cité ardente, au point d’avoir été nommé citoyen d’honneur en même temps que David Goffin et Robert Waseige. « Mes chansons ont beaucoup tourné dans le Carré dans les années 2000. Les jeunes de l’époque sortent désormais des couches et emmènent leurs enfants découvrir certains titres de l’époque », note-t-il

Marka entretient aussi une relation étroite avec Spa et les Francofolies. « Je suis l’artiste qui s’est le plus produit aux Francos et c’est moi qui ai donné le tout premier concert au Parc des Sept Heures », m’apprend-il. « C’est un rendez-vous obligé pour moi et j’y serai le jeudi 21 juillet, sur la scène Pierre Rapsat accompagné de cuivres et d’un invité, Greg Zlap, qui fut l’harmoniciste de Johnny Hallyday. » Nul doute qu’une fois encore ce génial Brusseleir va envoyer du lourd et faire danser les foules.

Un public que Marka retrouvera tout le mois d’août dans sa grande tournée d’été. Un concept imaginé par le chanteur durant le confinement. « J’en avais marre d’être privé de scène et j’ai contacté plusieurs villages en leur proposant de venir y chanter. » Les retours furent logiquement positifs et Marka put organiser sa tournée qui le verra notamment passer par Hotton, Sivry, Becco, Trooz ou encore Amay (dates à découvrir ici). « Je suis assez fier de ce concept que j’ai inventé. Une formule « clé sur porte » puisque je viens avec mon groupe mais également mon matériel, ma sono, à la rencontre du public. »

« Ravi de pouvoir effectuer ma tournée d’été »

Après plus de quatre décennies, Marka a toujours la banane. « Je suis content d’être toujours là et ravi de pouvoir faire ma tournée d’été », avance-t-il avec une sincérité désarmante. « Je n’ai jamais vraiment eu de plan de carrière, j’ai toujours cherché à faire ce que je voulais même si, à l’époque, ce n’était pas aussi facile de s’auto-produire. » Et d’ajouter : « Je ne me suis sans doute pas projeté assez loin, j’ai été assez vite content. Il faut dire que je n’ai jamais rêvé de remplir le Madison Square Garden. »

Un tour de force réalisé par Angèle, la fille de Marka et Laurence Bibot, alors que Roméo Elvis, son fils, cartonne lui aussi. « Je vis vraiment cela de la meilleure des manières. Pour chaque parent et peu importe le domaine, il n’y a rien de plus chouette que de voir ses enfants réussir ce qu’ils entreprennent. C’est jubilatoire de voir les choses incroyables qu’ils réalisent. Ils ont un fameux talent, je me demande d’où il vient », sourit Marka qui reconnaît que l’éclairage dont bénéficient ses rejetons lui est aussi bénéfique. « Quand il y a autant de lumière, cela ruisselle forcément. Et leur situation me permet de ne plus, en tant que père, me poser certaines questions alors que je connais d’autres personnes de mon âge qui s’interrogent toujours sur la trajectoire et l’avenir de leurs enfants. »

Pour la première fois, Marka est passé devant la caméra pour l’excellente série télévisée « Fils de », diffusée sur la RTBF. « C’était valorisant qu’on ait pensé à moi », avoue-t-il. « C’est une nouvelle expérience à laquelle j’ai adoré participer et je ne suis pas contraire à la rééditer. »

Mais avant cela, il y aura donc ce concert festif et endiablé au Village Gaulois ce jeudi 7 juillet. « Je mets au défi les Liégeois de 2022 d’être aussi chauds que ceux de 2002 », conclut malicieusement mon sympathique interlocuteur.

Thiebaut Colot

Crédit photo : Marka

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