Coup d’éclairage sur la Bulle d’A.I.R., une formidable initiative qui permet à seize adultes porteurs d’une déficience mentale de vivre en semi-autonomie l’existence la plus normale possible dans un cadre agréable.
C’était fin juin au splendide Golf de Gomzé que se tenait la quatrième édition du Challenge Golf de la Bulle d’A.I.R. Cent-trente-deux joueurs s’étaient réunis sur les greens pour une journée mêlant sport, convivialité et générosité. Pendant qu’une équipe locale composée d’Olivier Malempré, Boris Vanchaze, Philippe Englebert et Manuel Ghidini s’illustrait sur le parcours avec le très joli score de quarante-neuf points, je rencontrai Didier Bronne, administrateur de la Bulle d’A.I.R. depuis 1999. « Ce tournoi de golf est à l’initiative de ma fille Sophie, coorganisé par Antoine Olbrechts, et beaucoup de mes amis y participent », me précise-t-il.
Hasard du calendrier, cet ancien hockeyeur sur gazon, toujours bon pied bon œil, venait de faire un pas de côté chez Etilux, la société qu’il a fondée en 1972 et qui est devenue l’expert en étiquette. Après avoir déjà transmis sa société à son fils Olivier en 2019, Didier a cédé la Présidence à son ami Vincent Doumier mais demeure évidemment administrateur et fondateur. « Cela permettra aux choses de continuer à bouger », glisse-t-il malicieusement.
Faire bouger les lignes, un concept que Didier et les autres fondateurs et administrateurs de la Bulle d’A.I.R. appliquent déjà depuis de nombreuses années puisque depuis 2001, cette asbl permet à des adultes porteurs d’une déficience mentale de vivre en semi-autonomie une existence la plus normale possible. « Ma fille Caroline est porteuse d’un handicap, et cela nous a conduit à réfléchir à son futur », m’explique ce fringant septuagénaire. C’est dans ce cadre-là que plusieurs familles se rencontrent, dès 1996, et décident de créer un lieu qui permet à leurs enfants de vivre aussi bien que possible. « Nous souhaitions que les adultes porteurs d’un handicap puissent vivre dans un environnement agréable, en étant bien entourés et pris en charge mais aussi responsabilisés », continue Didier qui devint administrateur de l’asbl dès 1999. De réunions en discussions, l’idée fait son chemin et le projet se précise avec la volonté d’acheter ou de louer un bâtiment. « Il fallait que celui-ci soit sur le territoire de la ville de Liège, pas éloigné de tout, accessible en transports en commun et qu’il offre un cadre de vie de qualité », me précise Didier.
Finalement, après des discussions avec la Compagnie des Jésuites, le choix se porte sur le bâtiment actuel sis rue du Biez à Angleur. La Bulle d’A.I.R. « récupère » tout le troisième étage qui était autrefois un internat et signe un bail emphytéotique. Tout l’étage est rénové, les bénévoles n’hésitant pas à mettre la main à la pâte et, en 2001, les cinq premiers habitants emménagent. Aujourd’hui, seize adultes dont l’âge varie entre vingt-et-un et cinquante ans vivent à la Bulle d’A.I.R. « Certains résidents sont là depuis le début, des départs ont été compensés par des arrivées, permettant ainsi de ne pas avoir de trop gros décalages au niveau de l’âge des pensionnaires », spécifie Didier.
Le cadre ne manque pas d’atouts, chaque résident bénéficiant d’une chambre aménagée et personnalisée alors que la cuisine ou encore le salon TV sont communs et que la belle terrasse jouit d’une vue imprenable. « Des liens très forts se sont tissés entre les résidents venant de milieux socio-économiques différents mais aussi entre les familles de ceux-ci », se félicite notre aimable interlocuteur. « Chaque année sont d’ailleurs organisées des activités avec toutes les familles. »
Concrètement, les résidents de ce lieu singulier y vivent la semaine avant de rentrer dans leur foyer le week-end. Mais depuis quelques temps, ils peuvent également passer un week-end par mois à la Bulle D’A.I.R. « C’est la preuve qu’ils s’y sentent comme chez eux », sourit Didier qui ne manque pas de souligner à quel point les seize pensionnaires s’impliquent dans la vie du quartier et dans celle de l’établissement. « Ils aident à faire la vaisselle, à mettre la table, à entretenir les plantes sur la terrasse. Ils participent à la vie quotidienne comme dans une famille. »
En outre, de nombreuses activités – du sport, des visites à la Foire ou au musée, des séances de cinéma, des balades – leur sont proposées. Anne Jeminne est à la direction de l’établissement qui compte en son sein deux éducatrices, un éducateur et une technicienne de surface. « Ce n’est pas toujours simple au niveau du budget mais nous organisons régulièrement des activités et nous avons la chance de pouvoir compter sur des bénévoles impliqués comme le mardi où les ‘mamys’ viennent cuisiner les repas de toute la semaine », ajoute Didier. « Sur le même plateau se trouve un kot à projet avec trois étudiants qui donnent un coup de main. »
Avec un an de retard, la Bulle d’A.I.R. fêtera le dix-sept septembre prochain ses vingt ans. « Quel bonheur de voir la progression de chacun des résidents, poussés vers une certaine autonomie, et leur épanouissement dans ce qui est finalement une grande famille », conclut Didier.
Thiebaut Colot
Crédit photos : DR
N. B. : Pour soutenir ce projet, c’est ici.