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« On est en train de gravir la montagne »

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Pour l’ambitieux concert en hommage à Michel Sardou et Johnny Hallyday, Michel Curvers et Thierry Luthers seront parrainés par Pierre Billon, figure emblématique de la chanson française et grand pote des deux monstres sacrés.

Ce samedi 3 décembre aura lieu au Forum un concert évènement. Michel Curvers et Thierry Luthers, deux amis d’enfance ayant grandi dans le quartier des Vennes, seront sur scène pour rendre hommage à deux monstres sacrés de la chanson française : Michel Sardou et Johnny Hallyday.

Michel Curvers est un spécialiste des reprises depuis plus de trois décennies. Et voilà quelques années déjà qu’il s’est attaqué à un défi de taille : reprendre les succès de Michel Sardou, auquel il voue un profond respect. Si la ressemblance du timbre de voix avec l’original est pour le moins troublante, Michel n’essaie pas d’imiter le chanteur, mais d’interpréter les tubes iconiques de Sardou avec sa propre personnalité.

Il en va de même pour Thierry Luthers – qu’on ne présente plus – avec son idole Johnny Hallyday dont il revisite la formidable carrière au son de ses chansons les plus emblématiques. « Une carrière aussi longue que mon âge », assure souvent Thierry. « Je ne suis pas sacrilège, je respecte toutes les tonalités, tous les arrangements, mais je le réinterprète à ma manière. »

Ce projet ambitieux porté par Classicall Productions et Enjeu asbl promet d’être inoubliable avec un vrai travail scénique, des jeux de lumière spectaculaires et la présence, notamment, d’une impressionnante formation de cuivres. De quoi séduire les Liégeoises et les Liégeois mais aussi Pierre Billon, figure bien connue du « showbiz » en France et qui a produit, écrit ou composé quelques-unes des plus iconiques chansons de Michel Sardou et Johnny Hallyday – Je voleLa maison en enferÊtre une femmeLe prix d’un hommeLa fille aux yeux clairsJ’ai oublié de vivreLa peur ou encore Nashville Blues – tout en participant à moult tournées et à la production de plusieurs albums.

Ce Parisien pur souche – qui partagera quelques titres sur scène avec Michel Curvers et Thierry Luthers ce samedi – est lié depuis très longtemps à Michel Sardou, comme en témoigne cet extrait tiré de son livre Johnny, quelque part un aigle publié en 2019 chez Harper Collins.

« Après mon service militaire, je reviens habiter au-dessus de « Chez Patachou » (ndlr : qui est la maman de Pierre Billon) à Montmartre. Sur les marches du Sacré-Cœur, il m’arrive souvent de croiser Polnareff. Installé avec sa grosse guitare douze cordes qui a un son si particulier, il chante « La poupée qui fait non » pour les touristes. C’est déjà un truc magique. Ce jour-là, Sardou, Revaux et moi nous retrouvons à la maison pour bosser sur une chanson. Michel écrit le texte, Jacques compose le pont, moi je fais le milieu, et c’est comme ça que naît « America, America ». On en vend quatre-vingt mille. Michel tient enfin son premier succès. C’est peu de temps avant que maman vende le cabaret et qu’il devienne une galerie d’art. Le soir, nous descendons, et Michel et moi chantons un peu. Nous acceptons tout ce qui se présente : les baluches, les salles des fêtes, toutes les galères possibles. C’est laborieux, mais on sent qu’il se passe quelque chose. La réussite d’«America, America» est un sérieux coup de pouce. Les galas deviennent de moins en moins minables. Ils commencent même à ressembler à de vrais concerts. Fini les guitare-voix, Michel a maintenant son orchestre, que j’intègre comme percussionniste. On est en train de gravir la montagne. On a vingt-deux, vingt-trois ans, et une sorte d’amateurisme de génie qui entoure tout ce que nous faisons. On se marre beaucoup».

Avec Johnny aussi Pierre Billon a partagé des moments inoubliables dont certains se retrouvent dans son ouvrage.

« {Pendant la tournée africaine en 1983 et dont fait partie Pierre Billon} à Libreville, le consul de France, tellement heureux de voir arriver Johnny Hallyday dans sa ville, organise une réception en notre honneur. Quelques personnalités locales sont invitées. Johnny discute avec le consul qui lui explique que précédemment il était en poste en Chine. Il lui montre, sur une petite table, un œuf posé sur un socle en bois noir. Fièrement, il lui explique qu’il s’agit d’un œuf millénaire qu’il a rapporté en souvenir. Johnny lui dit en riant que si c’est un œuf, ça doit pouvoir se manger. Et, joignant le geste à la parole, il attrape le machin, violacé, immonde, et l’engloutit. Le consul roule des yeux horrifiés. Son œuf millénaire vient de disparaître dans l’estomac du chanteur ! Johnny se marre, satisfait de son effet, et pas le moins du monde incommodé par ce truc immangeable ».

Au cours de sa longue et fructueuse carrière, Pierre Billon a pu cotoyer les plus grands noms de la chanson et des stars de classe mondiale, comme il le raconte dans son livre.

« « […}, mon plus fort souvenir reste la période où je suis le conseiller pour l’Europe de leur «The Ulti mate Event ». On est en 1989. Les trois monstres sacrés sont réunis sur scène : Liza Minnelli, Franck Sinatra, Sammy Davis Jr. Ils sont accompagnés par un orchestre de quarante musiciens. Chacun leur tour, pendant trente minutes, ils interprètent leurs plus grands succès, puis se retrouvent tous les trois sur scène. C’est un évènement énorme, le public se bat pour acheter ses billets. La tournée fait étape dans vingt-sept villes du monde entier, et j’ai en charge la partie européenne dans l’équipe de Liza. Limousines, jets privés, escortes de police, je vis au plus près de ces immenses stars, que j’approche dans leur intimité. C’est une chance extraordinaire, à peine croyable. {…} Avec {Sinatra}, le courant passe bien. Dans le bar des hôtels, quand Liza et Sammy Davis Jr montent se coucher, il me fait signe de rester. Il a envie de discuter. Il me raconte ses débuts, quand il chantait dans les années quarante avec Tommy Dorsey {…} Sa femme est partie se coucher, alors il en profite : il fume Pall Mall, et nous descendons des verres de Jack Daniels. Vers 4 heures du matin, quand la fatigue le gagne, il m’embrasse et va se coucher en disant – God bless you! Et le lendemain, ça recommence. Au dîner, après le concert, il me fait signe pour que j’aille à ses côtés. Il commande un Coca, je prends la même chose. Il corrige : – Non, non, toi, tu prends une vodka. Je comprends que sa femme le surveille, et qu’il a trouvé cette ruse pour boire ce qu’il veut. A mi-voix, il ajoute :  – Et maintenant, t’allumes une clope. Le grand Sinatra a la trouille de sa femme. Comment ne pas penser à Laetitia et à Johnny ? Qui sait, sans elles, s’ils auraient vécu si longtemps… ».

Pour retrouver un peu de cette insouciance des années folles et de la magie de Sardou et Johnny, une seule adresse ce samedi 3 décembre : le Forum de Liège !

Infos et réservations : Le Forum de Liège

Thiebaut Colot

Crédit photos : DR

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