Paulette, à la Comédie en Île, soutient La Bulle d’A.I.R., un magnifique projet sociétal qui a déjà plus de vingt ans.
Du 2 au 5 février, Paulette prend ses quartiers à la Comédie en Île. Cette pièce de la Compagnie Gomette co-produite par la Courte Echelle a été créé par Chloé Petit et Sophie Falier qui se retrouve également sur scène. Les deux comédiennes utilisent parfaitement toutes les ressources du burlesque, alliant mime, théâtre d’objets, masques et acrobaties… Elles nous emportent dans leur univers, quelque part entre le cartoon, le cinema muet de Chaplin et de Buster Keaton, et la Commedia dell’arte. La mise en scène, signée Luc Jaminet, est profondément inventive et non conventionnelle.
Créé en janvier 2022, ce spectacle a su trouver son public et acquérir ses lettres de noblesse, étant notamment programmé au VOO Rire. Ce 5 février, les bénéfices de la séance iront à l’asbl La bulle d’A.I.R., une formidable initative lancée il y a plus de vingt ans, déjà. « Ma fille Caroline est porteuse d’un handicap, et cela nous a conduit à réfléchir à son futur », m’expliquait, en juin dernier au tournoi de golf caritatif co-organisé par Antoine Olbrechts, Didier Bronne, administrateur de La Bulle d’A.I.R. depuis 1999. C’est dans ce cadre-là que plusieurs familles se rencontrent, dès 1996, et décident de créer un lieu qui permet à leurs enfants de vivre aussi bien que possible. « Nous souhaitions que les adultes porteurs d’un handicap puissent vivre dans un environnement agréable, en étant bien entourés et pris en charge mais aussi responsabilisés », continuait Didier – fondateur de la renomée entreprise Etilux – qui devint administrateur de l’asbl dès 1999. De réunions en discussions, l’idée fait son chemin et le projet se précise avec la volonté d’acheter ou de louer un bâtiment. « Il fallait que celui-ci soit sur le territoire de la ville de Liège, pas éloigné de tout, accessible en transports en commun et qu’il offre un cadre de vie de qualité », me précisait ce fringant septuagénaire.
Finalement, après des discussions avec la Compagnie des Jésuites, le choix se porte sur le bâtiment actuel sis rue du Biez à Angleur. La Bulle d’A.I.R. « récupère » tout le troisième étage qui était autrefois un internat et signe un bail emphytéotique. Tout l’étage est rénové, les bénévoles n’hésitant pas à mettre la main à la pâte et, en 2001, les cinq premiers habitants emménagent. Aujourd’hui, seize adultes dont l’âge varie entre vingt-et-un et cinquante ans vivent à la Bulle d’A.I.R. « Certains résidents sont là depuis le début, des départs ont été compensés par des arrivées, permettant ainsi de ne pas avoir de trop gros décalages au niveau de l’âge des pensionnaires », me spécifiait Didier.
Le cadre ne manque pas d’atouts, chaque résident bénéficiant d’une chambre aménagée et personnalisée alors que la cuisine ou encore le salon TV sont communs et que la belle terrasse jouit d’une vue imprenable. « Des liens très forts se sont tissés entre les résidents venant de milieux socio-économiques différents mais aussi entre les familles de ceux-ci », se félicitait mon interlocuteur. « Chaque année sont d’ailleurs organisées des activités avec toutes les familles. »
Concrètement, les résidents de ce lieu singulier y vivent la semaine avant de rentrer dans leur foyer le week-end. Mais depuis quelques temps, ils peuvent également passer un week-end par mois à la Bulle D’A.I.R. « C’est la preuve qu’ils s’y sentent comme chez eux », sourit Didier qui ne manquait pas de souligner à quel point les seize pensionnaires s’impliquent dans la vie du quartier et dans celle de l’établissement. « Ils aident à faire la vaisselle, à mettre la table, à entretenir les plantes sur la terrasse. Ils participent à la vie quotidienne comme dans une famille. »
En outre, de nombreuses activités – du sport, des visites à la Foire ou au musée, des séances de cinéma, des balades – leur sont proposées. Anne Jeminne est à la direction de l’établissement qui compte en son sein deux éducatrices, un éducateur et une technicienne de surface. « Ce n’est pas toujours simple au niveau du budget mais nous organisons régulièrement des activités et nous avons la chance de pouvoir compter sur des bénévoles impliqués comme le mardi où les ‘mamys’ viennent cuisiner les repas de toute la semaine », ajoutait Didier. « Sur le même plateau se trouve un kot à projet avec trois étudiants qui donnent un coup de main. »
Au fil des ans, les occupants et leurs proches ont tissé des liens indéfectibles. « Quel bonheur de voir la progression de chacun des résidents, poussés vers une certaine autonomie, et leur épanouissement dans ce qui est finalement une grande famille », concluait Didier.
Plus d’infos : « Une grande famille » — #Liégeois (liegeois-magazine.be), La Bulle d’A.I.R. maison communautaire (labulledair.be)
Et pour soutenir ce formidable projet, c’est ici.
Thiebaut Colot
Crédits photos : DR