Récit d’une troisième journée des Francos marquée par la prestation impeccable de Pierre de Maere et par le concert exceptionnel de Bigflo et Oli.
Samedi 22 juillet, Spa grouillait de monde pour la troisième journée des Francofolies. Il faut dire que l’affiche était particulièrement alléchante : FùGù Mango, Mentissa, Pierre de Maere, Loïc Nottet, Rive, Pomme, Bigflo et Oli et Deluxe ! Le public était déjà conséquent dès 18 heures, alors que le soleil ne faisait pas trop le timide, pour assister à la grande première de Mentissa aux Francos. Accompagnée sur scène par une traductrice en langue des signes, la protégée de Vianney séduisait rapidement l’assemblée par sa spontanéité, son sourire et, of course, son magnifique timbre de voix. Que cela soit avec ses propres morceaux, avec une superbe reprise d’un titre d’Adele ou avec un medley, l’ancienne candidate de The Voice France confirmait son indéniable talent. « Je suis ravie d’être là », confiait-elle avec un naturel désarmant. « Il n’y a pas que l’eau qui est super à Spa, le public n’est pas mal non plus. » Avec « Et bam » repris par tous les spectateurs, Mentissa offrait aux Spadois d’un jour un véritable instant de grâce et de poésie, un moment suspendu précieux.
« Ce soir c’est la fête au Village »
La majorité des festivaliers migraient rapidement vers la scène Proximus – sans doute trop petite – pour la venue tant attendue de Pierre de Maere, l’étoile montante de la chanson française récemment récompensé aux Victoires de la musique. En véritable dandy dans son costume croisé, le Belge était copieusement applaudi à son arrivée. « Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Pierre de Maere, 22 ans, et j’ai le plaisir de chanter pour vous pendant une heure », se présentait-il. Il demandait l’appui du public pour « Roméo » – « il faut beaucoup aller dans les aigus » – et complimentait les spectateurs d’un « vous êtes charmants, belles et beaux ». « J’ai toujours eu un truc avec les daronnes », assurait-il avant de lancer que « ce soir la ville est à nous » en introduction de « Menteur ». Avec une élégance folle, des déhanchés déjà cultes et un phrasé aristocratique, Pierre de Maere se mettait immédiatement la foule dans la poche. « Avant d’entamer les vrais tubes, il y a une chanson que j’aime beaucoup, elle s’appelle Regrets », dévoilait-il, descendant de scène pour tendre le micro à quelques fans. Bien évidemment, la température montait encore d’un cran pour « Enfant de » et « Un jour je marierai un ange », deux hits absolus qui achevaient en apothéose la performance impeccable de ce sosie d’Yves Saint Laurent. Cœur avec les doigts et remerciements chaleureux envers tout le monde concluaient ce terrible concert.
Une vingtaine de minutes plus tard, Loïc Nottet arrivait sur la scène Pierre Rapsat revêtu d’une cotte de mailles pour se lancer à l’assaut des Francofolies. « Je suis content de revenir aux Francos car c’est ici que j’ai connu mon baptême du feu avec BJ Scott », rappelait-il avant de souligner avoir bien fait de tenter sa chance à 17 ans et ne vouloir échanger sa vie pour rien au monde. Avec un podium, des danseuses et danseurs et des chorégraphies, le « Billy Elliot de Charleroi » (comme l’avait surnommé BJ Scott), déroulait un show tip-top pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans. Prenant régulièrement la parole, Loïc Nottet confiait être un oiseau de nuit, révélait que The Voice fut une vraie naissance pour l’adolescent timide qu’il était alors et qui craignait toujours d’être boring, assurait qu’il ne fallait pas craindre l’échec. « A tous les rêveurs, on prend le train en marche, on fonce. Parfois on se prend des claques dans la gueule – on s’en prend toujours – mais surtout never give up », encourageait-il.
Après la jolie prestation de Pomme dans un décor onirique – une multitude de champignons ! – semblant sorti tout droit d’Alice au pays des merveilles, c’est face à la scène Pierre Rapsat que des milliers de Francofous s’étaient rassemblés pour accueillir les têtes d’affiche du jour : Bigflo et Oli. Les frangins toulousains étaient introduits via une capsule drôlissime du journaliste et humoriste français David Castello-Lopes. Avec plusieurs cuivres et un violoncelle, des confettis et feux de Bengale, une impressionnante installation vidéo mêlant images d’archives et live ainsi que, souvent, les paroles qui défilaient, les deux héros du jour allaient livrer une prestation époustouflante.
« Waar is da feestje »
« On une histoire un peu particulière avec la Belgique », rappelaient ceux qui se sont déjà produits deux fois à Spa, leur premier concert ayant eu lieu à la Caserne Fonck. « Il est un peu tard, la bière elle a déjà attaqué ici mais on va essayer de faire de ce concert un des meilleurs de notre tournée des 24. » Complices et complémentaires, généreux et facétieux, formidables rappeurs aussi à l’aise à la batterie et au piano (Bigflo) qu’à la trompette (Oli), les anciens jurés de The Voice Belgique enchainaient les tubes, proposant même un medley de leurs premiers hits. « On vieillit les amis, on vieillit », souriaient-ils. Ils offraient un moment touchant et intimiste avec leur slam en hommage à leurs grands-pères, José et Amar. Ils chauffaient le « peuple de la forêt » – tant la foule s’étendait jusqu’à la fin du Parc des Sept Heures -, balançaient quelques piques au Duc de Boulogne sur « Booba », rendaient hommage à Stromae avec « Dommage ».
Avec beaucoup d’autodérision, Bigflo et Oli soulignaient leur formation musicale au Conservatoire de Toulouse tout en se lançant dans une battle avec Wawad, le roi du beatbox, superbement mis en valeur par les deux acolytes. « Ne faites pas trop de bruit, ce n’est que du beatbox. Nous on fait de la vraie musique », blaguait Oli qui vannait ensuite les deejays. Les deux brothers demandaient à tous les francofous de sortir leur téléphone pour « avoir une mer d’étoiles » pour pouvoir aller « Sur la lune », chanson reprise en chœur par tous les spectateurs – de quoi filer la chair de poule ! Une marée de bras soutenait « C’était mieux avant », Bigflo et Oli en profitant pour saluer les membres de leur équipe avec qui ils collaborent depuis déjà de nombreuses années. Talentueux, drôles, touchants, inspirés, inspirants, empathiques, enthousiastes, heureux, fantastiques et convaincants : les deux lascars étaient tout cela à la fois pour mettre une ambiance de folie ce samedi soir avec une perf’ qui va indubitablement marquer l’histoire des Francos. C’était sur la bien nommée « Dernière » que Bigflo et Oli bouclaient en apothéose leur formidable show. « On a tout donné. On réalise la chance de vivre une aventure humaine et musicale entre frères. Merci la Belgique pour le soutien et d’avoir cru en nous avant les autres », concluaient-ils en arborant sur scène le drapeau noir-jaune-rouge.
Pour (re)vivre la première soirée des Francos : « On a besoin de jolies histoires » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)
Pour (re)vivre la seconde soirée des Francos : « Merci les Francos, vous êtes incroyaux ! » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)
Thiebaut Colot
Crédit photo : DR