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« Une vaste farce »

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On ne peut plus rien dire ? l’ovni littéraire de John Pepaldear.

Un ovni débarque dans les librairies ! On ne peut plus rien dire ? est un livre de John Pepaldear. « Que peut-on encore dire de lui dans cette période où chaque morceau de sa vie serait soumis au jugement et à la censure ? Comment oserait-on dire son âge quand à partir d’un certain âge, on ne peut plus rien dire ? Où John a-t-il grandi ? Où John a-t-il étudié ? Encore une fois… Impossible de divulguer ces informations sans qu’il se fasse mettre dans une case par ceux qui croient lutter pour tous mais qui luttent pour le faire taire. Tout ce que vous saurez de John, c’est qu’il ne peut plus rien dire sur lui, ni sur rien ! » dévoile la quatrième de couverture. « On ne peut plus rien dire ? est l’acte courageux d’une personne criant à qui veut encore l’entendre à la censure par le seul langage qu’elle lui autorise : le silence ! » assure le bandeau de ce « livre dont personne n’ose parler parce qu’il dérange ».

Un ouvrage de 200 pages qui pose cette question « On ne peut plus rien dire ? » et qui y répond dès la première page par cette affirmation : « Oui ». « Le reste du livre est aussi vide que les arguments spécieux de toutes celles et ceux qui passent leur temps, d’interviews en plateaux télés à affirmer qu’ils ne peuvent plus rien dire, sans pour autant développer un autre message que celui-là », précise une jeune étudiante liégeoise qui se cache derrière le pseudonyme John Pepaldear et autrice de ce livre-performance.

« L’idée m’est venue à force de voir ces auteurs polémiques répéter à tire-larigot qu’ils ne peuvent, à notre époque, plus rien dire et constater que pour des gens qui ne peuvent plus rien dire, on les entend beaucoup », précise cette grande consommatrice d’actualités françaises. « Ces auteurs et personnalités prétendent combattre la censure mais n’ont pas réellement d’autre message que celui d’être inaudibles ou bridés. Derrière leurs belles paroles – car il faut leur reconnaitre un talent certain -, c’est trop souvent un vide abyssal et une rhétorique creuse. »

Dès lors, ce livre, outre sa quatrième de couverture, sa couverture, une page avec le « oui », de faux remerciements et une fausse bibliographie, est constitué de près de 200 feuilles blanches. « L’éditeur avec qui je travaille pour ce livre a des principes de recyclage », précise notre interlocutrice. « Seulement une cinquantaine d’exemplaires ont été imprimés. Il s’agit avant tout d’une performance, d’une vaste blague, comme le souligne aussi son prix de 19,84 euros, une référence à Georges Orwell que les personnes que moque ce livre citent à tort et à travers. »

Et si, malgré tout, des lecteurs venaient à acquérir cet ovni artistico-littéraire ? « Alors c’est qu’ils auraient bien mérité ce livre blanc », assure avec facétie celle qui publie là son premier bouquin. « John Pepaldear n’a jamais publié, c’est une boule de frustration qui ne propose rien d’autre que cette frustration. »

Une farce grandeur géante comme les Belges savent si bien les inventer. « C’est surtout beaucoup d’humour, ce projet ne va pas plus loin que sa propre blague », assure celle qui se cache derrière l’identité de son double littéraire. « Le must serait toutefois de participer à un vrai débat en tant que John Pepaldear, de l’incarner totalement et de jouer jusqu’au bout d’arguments et d’une rhétorique sans fond. » Avis aux amateurs…

Pour suivre les tribulations de John Pepaldear sur Instagram : @johnpepaldear

Thiebaut Colot

Crédits photos : DR

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