Carton plein pour la conférence de Philippe Boxho sur le Linceul de Turin organisée par le NAL.
Ce 23 janvier, la salle Coude à coude à Neupré affichait complet pour la conférence de Philippe Boxho. Une habitude pour celui qui fut présenté par les organisateurs comme leur « star liégeoise préférée » et qui confirme, si besoin est encore, qu’il existe bel et bien un réel « phénomène Philippe Boxho ».
Considéré depuis longtemps déjà comme LA référence en médecine légale en Belgique, celui qui est également Professeur d’université, Expert judiciaire, Directeur de l’Institut Medico-Légal de l’ULiège, membre de l’Académie Royale de Médecine de Belgique, Membre effectif du Conseil National de l’Ordre des Médecins et Président du Conseil d’Administration du CHU de Liège, a conquis une importante notoriété depuis la sortie de ses deux premiers livres, Les morts ont la parole et Entretien avec un cadavre , qui se vendent comme des petits pains. « Je n’ai jamais cherché cette notoriété dont je me fiche même si cela s’avère aussi très sympa », souriait le principal intéressé. « C’est une belle expérience et si cela plaît aux gens, cela me fait plaisir. L’objectif initial était de faire connaître la médecine légale au grand public, cela semble réussi. »
C’est à la suite d’un podcast réalisé pour la RTBF et qui connut un succès colossal que Philippe Boxho fut contacté par Dimitri Kennes, des éditions Kennes, pour écrire un premier livre, Les morts ont la parole, qui fut rapidement plébiscité par les lecteurs. Le succès populaire et critique fut à nouveau au rendez-vous pour le second opus, Entretien avec un cadavre. « L’écriture est une activité qui me plaît et j’apprécie voir le résultat final », confiait celui qui ne souffre pas du syndrome de la page blanche. « J’écris généralement une histoire par jour et je commence le soir l’histoire que je vais développer le lendemain. »
Une casquette de plus pour celui à qui tout semble réussir et qui est pourtant venu à la médecine légale par une suite de hasards, lui qui voulait initialement devenir curé, a hésité entre le droit et la médecine et ensuite avec la médecine générale, comme il le détaille parfaitement dans son premier bouquin. Le hasard explique aussi la passion qu’il voue au Suaire de Turin depuis une vingtaine d’années. « Lors d’un congrès de médecine légale auquel j’assistais, Pierluigi Bollone donnait une conférence sur le fameux Linceul », se souvenait-il. « J’ai pu discuter avec lui, nous nous sommes liés d’amitié, j’ai évidemment lu son livre et il m’a invité à Turin pour me rendre dans la pièce où était exposé le Linceul. J’y suis ensuite retourné deux fois pour trouver de la documentation afin de pouvoir à mon tour analyser ce phénomène auquel je reviens chaque fois que des nouveautés sont découvertes. »
C’est le NAL (Neupré Nandrin Condroz Action Laïque) qui était à l’origine de cette soirée consacrée au Linceul de Turin, un thème qui cadre parfaitement avec les missions de cette asbl et avec les fondements de la laïcité qui « n’est pas une opinion mais la liberté d’en avoir une. » Un linge sacré pour certains, supercherie pour d’autres, mais qui depuis des centaines d’années alimente fantasmes, discussions, et passions. « Cet objet me passionne et me sert d’ailleurs de préambule à un cours que je donne à mes étudiants », précisait l’orateur du jour qui y voit « une scène de crime et un indice : un linceul trouvé en Italie. »
Durant une heure et demie, Philippe Boxho appliquera à la question du Linceul du Turin les méthodes et principes qu’il utilise pour chaque scène de crime, convoquant la science, la médecine légale, la criminalistique mais aussi l’histoire dans le but d’aller « à la recherche de la vérité ». « La science, ce n’est pas avoir une opinion inébranlable mais pouvoir reconnaître s’être trompé », soulignait-il. « Aborder cette thèse sans idées préconçues est une gageure mais c’est ce qu’il faut tenter de faire. »
Tout au long de son exposé, avec l’aisance, la culture et l’humour que nous lui connaissons, Philippe Boxho captiva son auditoire. Retraçant le parcours du célèbre Linceul, rappelant son histoire mouvementée, utilisant tous les documents et analyses produits, Philippe Boxho livra à la nombreuse assistance une enquête fouillée et – osons-le – palpitante. Tant à charge qu’à décharge envers la thèse défendue par l’Eglise, il fournit matière à réflexion et à alimenter les discussions, rappelant au passage que, finalement, croire à l’authenticité du Linceul est aussi « un acte de foi ».
Une plongée brillante et passionnante au cœur même de l’un des plus fameux mystères de notre histoire qui permit aux 200 spectateurs présents de faire fonctionner à plein régime leur esprit critique et de passer une excellente soirée.
Thiebaut Colot
Crédits photos : NAL